E.S. 1025 ou les mémoires d'un Anti-Apôtre - MARIE CARRÉ - 8

Publié le par monSeigneur et monDieu

Quelquefois ils le gardèrent ( le Saint Sacrement) dans ce qui fut le tabernacle et qui devint une petite armoire débarrassée de tout ce qui l’entourait. Ceux-là disaient la Messe et autres offices en tournant le dos au Saint-Sacrement (ce qui fut autrefois sévèrement défendu). Mais ils nous regardaient, nous, et nous pouvions les contempler tout à notre aise et c’était, paraît-il, beaucoup plus important, surtout quand ils avaient besoin de se moucher.

 

Sur la nouvelle table dite d’autel, et dont personne ne sait si elle fut bénite et si elle recèle une relique de martyr (comme le veut un usage constant) ils placèrent un petit crucifix. Puis, ils s’aperçurent enfin que ce doux Christ en croix nous tournait le dos et ne regardait qu’eux ; alors, ils le supprimèrent, ainsi que les cierges et autres accessoires indignes d’un siècle aussi scientifique.

 

C’était leur façon de collaborer à ce qu’il est convenu d’appeler « la mutation » et qui désigne tout changement notable ou pas, le plaçant par cette dénomination hautement savante sur un piédestal que personne jamais n’osera contester.

 

Toujours en se penchant paternellement sur nos besoins spirituels, les ecclésiastiques de ce siècle firent d’autres découvertes. Ayant donc remarqué que les protestants (auxquels ils vouent une affection toute particulière) ne s’agenouillent pas dans leurs temples, ils en conclurent que nous devions désirer en faire autant, mais pour un tout autre motif, car nous n’étions pas encore mûrs pour cultiver le désir d’imiter les protestants, mais nous devions certainement souhaiter d’être invités à imiter nos prêtres qui ne s’agenouillent pas en célébrant la messe. Aussi choisirent-ils quelques jeunes collègues et leur donnèrent-ils toute puissance sur nous ainsi qu’un ou plusieurs micros. Ce fut l’époque où nous eûmes à subir : – assis, – debout ; – assis, – debout ", à longueur de messe, comme des ordres militaires claquant à tous les échos et détruisant en plus toute velléité d’humble et douce prière... .- Assis, – debout « ...car on ne va pas à la messe pour prier », ont-ils clamé, à cette époque là. En quelque dix années, nous fûmes dressés et nos dompteurs peuvent maintenant se reposer.

 

Il semble même qu’ils aient pris goût au repos, car leurs dernières inventions illustrent bien ce diagnostic.

 

En premier lieu, ils ont multiplié les concélébrations où un seul homme se dévoue pour prononcer toutes les paroles de la messe, choisissant, du reste, généralement et par charité, je pense, envers ses collègues qui attendent le mot « fin » avec une impatience bien camouflée, choisissant dis-je le canon le plus bref, puisque nos messes ont maintenant donné aux trois lectures bibliques une primauté d’honneur, bien que notre culture ne nous permette pas d’en comprendre la dixième partie, et au sacrifice proprement dit (si tant est que beaucoup croient encore accomplir un sacrifice) un minimum de temps avec un maximum de bruit. Ces concélébrations permettent à tous les autres ecclésiastiques présents, qui ont rapidement revêtu une aube blanche sur leur pantalon, leur chemisette ou leur polo, de ne prononcer que les quelques paroles de la consécration, le bras tendu (ce qui, je crains, doit les fatiguer un peu) ces concélébrations leur permettent donc de rêvasser pendant tout le reste de la cérémonie.

 

Pour flatter les laïques et ainsi les rendre dociles à de nouvelles futures inventions, les lectures de l’Ancien Testament et des Épîtres sont bien souvent lues par quelque petit jeune homme ou quelque notable qui ne savent pas articuler, ou même par une jolie gamine toutes cuisses dehors.

 

J’espère que l’éditeur et les lecteurs voudront bien pardonner à une infirmière qui a pourtant l’habitude de se dominer, ces quelques lignes où tout homme de cœur lira la souffrance qui les a dictées. Encore pardon et je rends la parole à celui qui fut l’agent secret d’une cause qui s’efforce de pousser la barque de Pierre vers le naufrage.

 

A propos de la suppression des commandements de l’Église, en profiter pour exalter le chrétien devenu adulte et qui sait très bien que Dieu est trop immense pour se préoccuper de nous voir manger ou non de la viande le vendredi,

 

Quant à la confession annuelle, il sera bon de la remplacer par une cérémonie communautaire où un prêtre énumèrera les crimes les plus courants contre les classes les plus humbles, car c’est vers ces péchés-là qu’il faut orienter les esprits. La confession privée est une perte de temps. Bien au contraire, la cérémonie que j’imagine conditionnera les esprits et donnera des fruits excellents. Mais elle nécessite un clergé bien formé.

 

Quant à la messe obligatoire du dimanche, il faut bien faire remarquer que l’homme moderne a besoin de grand air et de verdure, qu’il est tout à fait souhaitable qu’il puisse aller à la campagne le samedi et le dimanche. Ainsi, ceux qui tiennent à un culte ou une messe hebdomadaire pourront être autorisés à choisir le vendredi au lieu du dimanche, le vendredi soir conviendrait bien, sauf pour ceux qui partent dès ce soir là pour la campagne, alors on leur permettra de choisir le jeudi. En définitive, ce qui doit primer, c’est que chacun suivra sa conscience. Cette méthode inventée par les protestants et qui consiste à obéir à sa conscience est des plus excellentes. Elle permet de ne pas donner d’ordres, qui risquent de choquer certains, mais de les remplacer pas des suggestions variées, qui laissent le jeu du libre arbitre. Bien entendu, il faudra supprimer tout ce qui concerne la vie surnaturelle et la grâce. Ce sont là des notions fort dangereuses.

 

La prière, donc l’oraison dominicale, sera momentanément gardée. Mais il serait très astucieux d’obliger les catholiques à tutoyer Dieu sous le charitable prétexte d’adopter en tous pays pour la traduction en langue vulgaire, une version conforme à celle des protestants. Ce sera manière aimable de nous faire pardonner quatre siècles d’arrogance. Si ces traductions nouvelles déplaisent aux plus pieux, comme il est assez facile de le prévoir, ce sera tout bénéfice.

 

Ensuite, viennent les sept sacrements qui sont tous à réviser, d’autant plus que les protestants n’en ont généralement que deux.

 

Tous les chrétiens, de toutes dénominations, ont gardé le baptême, mais, pour ma part, c’est le sacrement que je voudrais voir disparaître en premier. Cela me paraît relativement facile. C’est un sacrement trop enfantin. Presque aussi enfantin que le signe de croix et l’eau bénite. Je commencerai par décider qu’il ne se donnerait qu’aux adultes et seulement à ceux qui croiraient ne pas pouvoir s’en passer. Je vois d’ici tout ce qu’un homme intelligent pourra sortir de cette formule. Vraiment je ne sais pas d’où je sors tout ce que j’invente, mais je suis un homme de génie. Je sens le génie me sortir par tous les pores de la peau.

 

Bien entendu, il faut absolument supprimer l’idée que le baptême efface le péché originel, ce péché-là est une pure invention littéraire ; l’histoire d’Adam et Ève (1) ne se racontera que pour en rire.

 

II faudra dire que le baptême est simplement une marque d’appartenance au christianisme universel. Préciser que tout le monde peut le donner, mais que tout le monde peut s’en passer. Profiter de l’occasion pour chanter un couplet aux saintes âmes qui vivent dans les religions non chrétiennes. Ceci donne mauvaise conscience, excellent.

 

Bien entendu, le sacrement de confirmation, qui prétend donner le Saint-Esprit et ne peut être administré que par un évêque, est à supprimer énergiquement. Cette attitude permettra de dénoncer le dogme de la Trinité comme offensant pour les juifs et les musulmans, ainsi que pour certaines sectes protestantes assez récentes.

 

Il ne sera donc plus nécessaire de fabriquer du Saint-Chrême le Jeudi saint. Tout ceci sentait trop la magie.

 

Il faudra faire remarquer que la foi peut très bien se passer de cérémonie ou autres manifestations extérieures, et que dans ce cas, elle est même plus noble. Bien insister aussi sur les vertus éminentes que l’on peut rencontrer chez les païens, les juifs, les musulmans et les communistes, car j’ai remarqué qu’un catholique a bien souvent honte de penser qu’il y a plus de saints chez lui que chez les autres.

 

Quant au sacrement dit de Pénitence, il faudra le remplacer par une cérémonie communautaire qui ne sera que un examen de conscience dirigé par un prêtre bien formé, le tout suivi d’une absolution générale, comme dans certaines églises protestantes. Les prêtres modernes seront débarrassés de ces interminables heures de confession, ainsi que du fardeau que cela représente.

 

En écrivant cela, je ne puis m’empêcher de penser à mes malheureux professeurs de séminaire, tous décédés à l’heure où j’écris, et qui portèrent jusqu’à la mort, chacun pour soi devant son Dieu, la connaissance inutile du danger que je représentais pour l’avenir de l’Église.

 

Ces confessions communautaires pourront avoir lieu deux fois par an, à Pâques et à Noël. Certains jeunes prêtres seront dressés à dominer ces foules par une solide formation socialiste. Car il s’agira, au travers d’un examen détaillé des péchés sociaux, de diriger les esprits vers le marxisme.

 

Les motifs de la contrition seront uniquement le manque de justice envers tous les autres. Il faudra bien faire admettre que le chrétien est un homme qui a confiance en l’homme. Chacun se posera donc cette question : les autres peuvent-ils avoir confiance en moi ?

 

Dieu sera passé sous silence dans cette cérémonie qui ne portera plus le nom de sacrement (car c’est aussi un mot qui doit disparaître du vocabulaire).

Bien entendu, on ne parlera plus du tout des indulgences. Personne, du reste, n’en connaîtra l’exacte signification.

Quant au sacrement d’Extrême-Onction, il faudra lui trouver un autre nom. On ne pourra pas le supprimer dès le début de notre réforme, puisqu’il concerne les grands malades une telle mesure ne serait pas populaire mais il faudra veiller à ce que la notion de vie éternelle, de jugement, de paradis, purgatoire ou enfer soit remplacée par le seul désir de guérir. À l’usage, on s’apercevra que le médecin n’a pas besoin d’un prêtre pour l’aider dans ses fonctions de guérisseur. Cependant, je choisirais volontiers la dénomination de sacrement des malades, et pour éviter que l’idée de vie éternelle ne paraisse, il faudra offrir ce sacrement même aux maladies légères. Du reste, je ne me fais pas de souci à ce sujet, tous ces sacrements disparaîtront très facilement. Les gens n’ont plus le temps.

Quant au sacrement d’Ordre qui donne le pouvoir d’exercer les fonctions ecclésiastiques, il faudra le garder, c’est évident.

Dans notre Église universelle, nous aurons besoin de prêtres qui seront les dispensateurs de la saine doctrine sociale.

Ils pourront établir des fêtes, en se servant du folklore par exemple, car le peuple en a besoin. Mais ces fêtes seront entièrement pour l’homme, sans aucune référence à un dieu quelconque.

Le mariage n’est pas un sacrement inutile, à condition de n’être qu’une fête de famille. Il faudra balayer ces coutumes qui veulent qu’en certains pays retardataires, le mariage religieux, c’est-à-dire catholique, soit l’unique forme de mariage valable. Non, le mariage civil doit être le seul exigé. Ainsi, cette Église bassement autoritaire ne pourra plus interdire le divorce et le remariage des divorcés. Je sais bien que le Jésus de Nazareth a parlé dans ce sens, mais j’ai déjà dit ailleurs qu’il fallait savoir choisir dans son enseignement ce qui convient à l’homme moderne. L’indissolubilité du mariage est une exigence qui fait fi du bonheur de l’homme. Et ceux qui parlent du bien de l’enfant ignorent que l’enfant sera encore beaucoup mieux quand il appartiendra à l’État.

Et bien entendu, le sacrement de mariage ne sera pas refusé aux prêtres qui le demanderont, pas plus que le sacrement d’Ordre ne sera refusé aux femmes.

 

 

 

(à suivre)

 

(du blog :

 

(1)  « l’histoire d’Adam et Ève ne se racontera que pour en rire. » En effet cela a été si banalisé que certains semblent en être restés à l’histoire de la pomme, sans sincèrement se demander ce qu’il en est exactement. Pourtant il existe bien d’autres métaphores dans la Bible, il est curieux de voir que ce point n’ait pas suscité plus d’interrogations que ça. Il est vrai qu’attaché à son péché originel, l’homme n’a guère cherché à s’en occuper. Au contraire on s’est encore plus éloigné au point de vouloir faire apparaître ce qui ne l’est pas comme naturel à l’espèce humaine donc conçu ainsi par Dieu.

Il n’est pas étonnant alors que certaines  personnes soient mêmes hostiles à l’Immaculée Conception de Marie, tout comme à la chasteté matrimoniale de Joseph et de Marie, tout comme à la chasteté sacerdotale.

L’homme et la femme sont ainsi envisagés correspondants dans leur type relationnel comme originellement prévu à la Création.

Le sujet étant trop vaste à mon sens pour que je puisse avoir la prétention de vouloir entreprendre un enseignement de cet ordre qui à mon sens est capitale, je ne puis qu’inviter ces personnes à chercher par elles mêmes à approfondir non selon leur désir , mais d’après les révélations du Seigneur données  en ce sens pour expliquer à Son peuple que la déchéance actuelle ne découle de cette désobéissance originelle.

Ainsi nous est ensuite expliqué la « naissance Divine » de Marie qui ne fait point d’Elle une déesse, mais la première humaine née selon le plan Divin.

Après la désobéissance d’Adam et Eve, ils ont vécus selon un plan adapté à leur déchéance, dans l’attente du retour, d’où le pèlerinage terrestre humain. L’union alors des hommes a alors été sanctifiée par Dieu dans la mesure où elle entre dans le cadre défini par le plan terrestre humain.

Une union consacrée est une union faite dans le cadre religieux Chrétien, mais mêmes des époux mariés dans ce cadre peuvent entretenir des relations sexuelles qui ne sont pas exemptes de péchés donc qui équivalent à la débauche. Ce n’est pas à moi tout aussi bien de reprendre ces enseignements de base donc fondamentaux pour bien comprendre les enseignements Célestes donnés qui en ont plus d’une fois fait référence. Ceci tendrait à démontrer qu’ainsi que dit le Seigneur, nous lisons sans vraiment lire : Nous zappons ce qui nous dérange, nous attirons l’attention là où nous voulons amener l’autre à valider notre incohérence, nous sanctionnons le péché de l’autre sans vouloir considérer la poutre qui nous aveugle, nous utilisons la Parole à toutes les sauces sauf à bon escient, … Tout cela au fond parce que nous n’avons aucune envie de changer. Mais il va bien falloir le faire à moins de vouloir rester comme les vierges folles de côté !!!

 

(2) Tiens cela me fait penser à la persistance à vouloir marier les prêtres pour résoudre la perversion sexuelle dont ont fait preuve certains en trahissant leurs vœux, l’inviolabilité de l’être humain, et l’innocence enfantine… comme si en matière de pervers on est encore à pouvoir parler de norme et de raison, la perversion est du domaine de l’adversaire, seul son rejet total et une repentance sincère peut la résoudre !)

Publié dans Témoignages

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