L’Ascension de l’Homme-Dieu ouvre la porte du Royaume à l’humanité maintenant relevée – 02 Juin 2011

Publié le par monSeigneur et monDieu

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Après sa passion il leur apparut pendant quarante jours, leur parlant du royaume de Dieu, alléluia. Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux, alléluia !

 

Vénérons à juste titre, ce jour où la bassesse de notre nature fut élevée, dans le Christ, au-dessus de toutes les armées célestes, de tous les ordres des Anges, au-dessus de la hauteur de toutes les puissances, et jusqu’au trône de Dieu le Père.

 

Le point culminant de l’œuvre divine, ne nous apparaît pas bien souvent dans son entier. Pourtant chaque jour lors de l’auguste Sacrifice, à la suite des paroles sacrées qui ont amené sur l’autel celui qui est à la fois le Dieu et la victime, la Sainte Église prononce en s’adressant à la majesté du Père Céleste les motifs de sa confiance : « Ayant donc présents a la pensée, nous vos serviteurs et votre peuple saint, la bienheureuse Passion de ce même Christ, votre Fils et notre Seigneur, sa Résurrection du tombeau, et aussi sa glorieuse Ascension dans les cieux, nous vous offrons cette hostie pure, sainte et immaculée ».

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Clairement l’homme exprime devoir s’appuyer sur les mérites de la Passion du Rédempteur qui a lavé nos iniquités dans son sang ; à ce souvenir il joint celui de la Résurrection qui a donné à ce divin Libérateur la victoire sur la mort ; mais annonce aussi concomitamment que l’homme n’est sauvé et rétabli, que par l’union de ces deux premiers mystères au troisième, qui n’et autre que le mystère de la triomphante Ascension de Celui qui est mort et Ressuscité.

 

En effet durant quarante jours Jésus après sa Résurrection se manifeste sur Terre dans Son Corps Glorieux, cependant ce n’est que le jours de Son Ascension que la porte du ciel, close, se rouvre pour lui et pour nous, mettant fin ainsi à notre exile.

 

Puisque dans son ineffable bonté, Dieu n’avait pas seulement appelé l’homme à la royauté sur tous les êtres dont la terre est couverte ; ni destiné seulement à connaître la vérité dans la proportion des besoins de sa nature, à réaliser le bien selon les forces de sa vie morale, et à rendre un lointain hommage à son créateur.

 

Par un dessein de sa toute-puissance unie à son amour, Dieu avait assignée à l’homme une fin au-dessus de sa nature.

Inférieur à l’Ange, et réalisant dans son être l’union de l’esprit et de la matière, l’homme était appelé à la même fin que l’Ange.

 

L’Ange, l’Homme ces êtres créés, le ciel devait les recevoir l’un et l’autre ; l’un et l’autre étaient appelés à trouver éternellement leur bonheur dans la vue de Dieu face à face, dans la possession intime du souverain bien.

 

La grâce, secours divin et mystérieux, devait les adapter à cette fin sublime que leur avait gratuitement préparée la bonté de leur créateur. Telle était la pensée dans laquelle Dieu s’était complu éternellement : élever jusqu’à lui ces fils du néant et verser sur eux, selon la mesure de leur être agrandi, les torrents de son amour et de sa lumière.

 

Au moment de l’épreuve qui devait décider de l’admission de chacun des Anges au bonheur sans fin, tout à coup un cri de révolte se fit entendre arrêtant une partie des Anges sur le chemin de la béatitude suprême.

 

Dans tous les chœurs angéliques il y eut des rebelles, des esprits qui refusèrent de s’abaisser devant le commandement de l’ordre divin ; mais leur chute ne nuisit qu’à eux-mêmes, et les Esprits fidèles admis en récompense à la vue et à la possession béatifiante du souverain bien, commencèrent leur éternité de bonheur. Dieu daignait admettre des êtres créés à la jouissance de sa propre félicité, et les neuf chœurs glorifiés s’épanouirent sous son regard éternel.

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Créé plus tard, l’homme aussi tomba, et son péché brisa le lien qui l’unissait à Dieu. La race humaine n’était alors représentée que par un seul homme et une seule femme : tout avait donc sombré à la fois. Après la faute, le ciel demeurait fermé désormais à notre race ; car dans leur chute Adam et Ève avaient entraîné leur postérité future, à laquelle ils ne pouvaient transmettre un droit qu’ils avaient perdu. Au lieu de ce passage agréable et rapide sur la terre, auquel devait mettre fin une heureuse ascension vers le séjour éternel de la gloire, il ne nous restait plus qu’une courte vie remplie de douleurs, et, pour perspective, le tombeau où notre chair sortie de la poussière serait elle-même réduite en poussière. Quant à notre âme, créée pour le bonheur surnaturel, lors même qu’elle y eût aspiré, ce n’eût été que pour s’en voir à jamais frustrée.

 

L’homme avait préféré la terre ; elle lui demeurait pour quelques jours, après lesquels il la laisserait à d’autres qui disparaîtraient également jusqu’à ce qu’il plût à Dieu d’en finir avec cette œuvre manquée.

 

Ainsi avions-nous mérité d’être traités ; mais telle ne fut pas cependant l’issue de notre création.

 

Quelle que soit la haine que Dieu porte au péché, il avait appelé l’homme à jouir des trésors de sa gloire, et il ne consentit pas à déroger aux desseins sublimes de sa sagesse et de sa bonté. Non, la terre ne sera pas un séjour où l’homme ne fera que naître et s’éteindre bientôt. Lorsque la plénitude des temps sera arrivée, un homme paraîtra ici-bas, non point le premier d’une création nouvelle, mais un homme comme nous, de notre race, « fait de la femme ». Or, cet homme à la fois céleste et terrestre s’associera à notre disgrâce ; comme nous il passera par la mort, et la terre le possédera trois jours dans son sein. Mais elle sera forcée de le rendre, et vivant, il apparaîtra aux regards éblouis des autres hommes. Nous l’avons vu, et nous nous sommes réjouis de voir la chair de notre chair, le sang de notre sang remporter une si belle victoire sur la mort.

 

Ainsi donc les intentions divines n’auront pas été frustrées en tout. Voici que la terre présente au Créateur un second Adam qui, ayant vaincu la mort, ne peut plus s’arrêter ici-bas. Il faut qu’il monte ; et si la porte du ciel est fermée, il faut qu’elle s’ouvre pour lui. « Princes, élevez vos portes ; portes éternelles, élevez-vous, et le Roi de gloire entrera dans le séjour qui l’attend ». Oh ! S’il daignait nous attirer après lui ! Car il est notre frère, et nous savons que « ses délices ici-bas étaient d’être avec les enfants des hommes ». Mais qu’il monte, que son Ascension soit dès aujourd’hui. Il est le plus pur sang de notre race, le fils d’une mère sans tache ; qu’il aille nous représenter tous dans cet heureux séjour que nous devions habiter. C’est la terre qui l’envoie ; elle n’est plus stérile du moment qu’elle l’a produit ; car elle a enfin fructifié pour le ciel.

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Ne semble-t-il pas qu’un rayon de lumière soit descendu jusqu’au fond de cette vallée de larmes, lorsque les portes du ciel se sont levées pour lui ouvrir passage ? « Élevez-vous donc, ô Seigneur des hommes ! Élevez-vous dans votre puissance, et nous, sur cette terre, nous chanterons les grandeurs de votre triomphe ! ».

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Père des siècles, recevez cet heureux frère que vos fils disgraciés vous envoient. Toute maudite qu’elle semblait être, « la terre a donné son fruit ». Oh ! s’il nous était permis de voir en lui les prémices d’une plus abondante moisson que votre majesté daignerait agréer, nous oserions penser alors que ce jour est celui où vous rentrez en possession de votre œuvre primitive.

 

Extrait de la méditation de L'année liturgique de Dom Guéranger

Publié dans Religion

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