Soyons tous avec Marie au Cénacle
Depuis le jour de l’Ascension, les apôtres sont en retraite, au Cénacle, dans l’attente de l’Esprit Saint. Et Marie était avec eux.
Marie y a une place discrète (Saint Luc la mentionne, après avoir donné la liste des apôtres : « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères. ») mais très importante.
Elle avait conçu l'enfant Jésus par l'Esprit Saint (Lc 1, 35), et elle était debout au pied de la Croix quand Jésus a remis l'Esprit Saint (Jn 19, 25-31).
Sa présence parmi les disciples aide ces derniers à recevoir l'Esprit Saint (Ac 1-2).
La mère de Jésus reçoit, elle aussi, une nouvelle effusion de l'Esprit Saint afin d'accomplir sa double mission : témoigner (elle seule est témoin des évènements de l'enfance du Christ) et être la mère des disciples (Sur la Croix, Jésus lui a donné pour fils le « disciple bien-aimé », cet anonyme qui représente la communauté des disciples. Il est donc normal qu’elle soit présente parmi eux quand ils prient, comme Jésus le leur a demandé.), c’est d’ailleurs pour cela que Notre Dame quand elle parle des prêtres, les dénomme Ses « fils de prédilection ».
Contrairement aux représentations habituelles de la Pentecôte, Marie n’est pas au centre, c’est Pierre qui est au centre. Il avait pris l’initiative de pourvoir au remplacement de Judas. C’est lui qui, aujourd’hui, prend la parole, « debout avec les Onze », pour annoncer l’Evangile du Christ ressuscité.
En effet pour fonder son Eglise, Jésus a choisi les apôtres. Saint Luc a précisé qu’ils avaient été choisis « dans l’Esprit Saint » (Actes 1, 2) : c’est pourquoi nous disons, dans le Credo, que l’Eglise est « apostolique ».
Mais à la Pentecôte, puisqu’il est question d’une naissance, la naissance de l’Eglise, « peuple de Dieu » la présence de Marie se conçoit. Au cours du concile Vatican II, le pape Paul VI a proclamé Marie, « Mère de l’Eglise ». Mais elle ne l’est pas au même titre qu’elle était devenue la Mère de Jésus, au jour de l’Annonciation.
Cependant toutes les fêtes chrétiennes étant, avant tout, des fêtes du Seigneur. Comme l’Esprit Saint dont elle est le chef-d’œuvre, Marie nous conduit à Jésus. Déjà, à Cana, l’Esprit s’était exprimé par sa bouche quand elle disait aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
Ce qu’elle ne cesse de faire en nous conviant à réciter le rosaire. Elle nous incite en Sa compagnie à apprendre à mieux connaître, à mieux aimer, à mieux suivre son Fils Jésus. Puisque même dans le Couronnement de la Vierge, c’est le Christ, uni au Père et à l’Esprit, qui est l’acteur premier : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles. »
Tel est ce que fit Marie à la Pentecôte, ce que nous allons approfondir davantage dans ce texte de Jean-Paul II (1997)
Marie au Cénacle invoque le don de l’Esprit Saint
Au cours de la prière au Cénacle, dans une attitude de profonde communion avec les Apôtres, quelques femmes et les « frères » de Jésus, la Mère du Seigneur invoque le don de l’Esprit pour elle-même et pour la communauté.
Il était bon que la première effusion de l’Esprit sur elle, qui avait eu lieu en vue de sa maternité divine, fût renouvelée et renforcée. En effet, au pied de la Croix, une nouvelle maternité avait été confiée à Marie, qui concernait les disciples de Jésus. Cette mission exigeait précisément un renouvellement du don de l’Esprit. La Vierge le désirait donc, en vue de la fécondité de sa maternité spirituelle. Alors qu’au moment de l’Incarnation l’Esprit était descendu sur elle en tant que personne appelée à participer dignement au grand mystère, maintenant tout s’accomplit en fonction de l’Église, dont Marie est appelée à être la figure, le modèle et la mère. Dans l’Église et pour l’Église, la Vierge, se souvenant de la promesse de Jésus, attend la Pentecôte et implore pour tous la multiplicité des dons, selon la personnalité et la mission de chacun.
Dans la communauté chrétienne, la prière de Marie revêt une signification particulière
Dans la communauté chrétienne, la prière de Marie revêt une signification particulière : elle favorise l’avènement de l’Esprit en sollicitant son action dans le cœur des disciples et dans le monde. Tout comme, lors de l’Incarnation, l’Esprit avait formé en son sein virginal le corps physique du Christ, de même, au Cénacle, le même Esprit descend pour animer son Corps mystique. La Pentecôte est donc aussi le fruit de l’incessante prière de la Vierge, que le Paraclet accepte avec une faveur toute particulière parce qu’elle est l’expression de son amour maternel à l’égard des disciples du Seigneur. En contemplant la puissante intercession de Marie qui attend l’Esprit Saint, les chrétiens de tous les temps, dans leur long et difficile cheminement vers le salut, recourent souvent à son intercession pour recevoir avec plus d’abondance les dons du Paraclet.
Répondant à la prière de Marie et de la communauté rassemblée au Cénacle le jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint comble la Vierge et ceux qui sont présents de la plénitude de ses dons, opérant en eux une profonde transformation en vue de la diffusion de la Bonne Nouvelle. À la Mère du Christ et aux disciples, sont donnés une force nouvelle et un dynamisme apostolique nouveau, pour la croissance de l’Église.
Éclairée et conduite par l’Esprit, elle a exercé une influence profonde sur la communauté des disciples du Seigneur.
En particulier, l’effusion de l’Esprit conduit Marie à exercer sa maternité spirituelle d’une manière singulière, par sa présence toute imprégnée de charité et par le témoignage de sa foi. Dans l’Église naissante, elle transmet aux disciples, comme un trésor inestimable, ses souvenirs sur l’Incarnation, l’enfance, la vie cachée et la mission de son divin Fils, contribuant à le faire connaître et à affermir la foi des croyants.
Nous ne disposons d’aucune information sur l’activité de Marie dans l’Église primitive, mais il est permis de supposer que, même après la Pentecôte, elle a continué à vivre une existence cachée et discrète, attentive et efficace. Éclairée et conduite par l’Esprit, elle a exercé une influence profonde sur la communauté des disciples du Seigneur.
(Extrait de l’audience générale du 28 mai 1997)