Montée vers Pâques : Carême 2015 - PAS N°6
Mardi 24 Février
En gage de conversion, offrons au Seigneur une attention particulière. Cette attention, offrons-la dans la joie du saint-Esprit.
Il s’agit de corriger nos vices et de préserver la charité.
Nous savons que le Seigneur Dieu insuffla dans les narines de l’homme, modelé avec la poussière tirée du sol, le souffle de vie.
Ce « souffle de vie » va nous ressusciter au dernier jour, et nous le voyons, expiré par Jésus sur la croix, puis soufflé par Lui sur les apôtres après la Résurrection.
Nous y reviendrons au moment des Fêtes de Pâques, mais en attendant et pour nous y préparer, vivons pleinement ce Carême.
Le Carême, temps de préparation à la fête de Pâques, est un temps de conversion. Aussi dès le début de cette quarantaine, tournons une page dans notre vie : Convertissons-nous !
Deux mots pour exhorter, deux mots pour faire carême, mais tout un programme en sorte !
Car il ne s’agit pas de faire des efforts surhumains, disproportionnés qui, spirituellement, soient nocifs parce que ne tenant pas compte de l’humain en nous. Il faut se méfier de la logique du monde qui met la performance sur un piédestal et qui n’a que pour but de gonfler l’égo. Notre devons prendre en compte, nos réalités de vie respectives incluant notre état de santé, notre travail, les responsabilités que nous devons continuer à assumer.
Selon sa signification étymologique, conversion (du latin conversio) signifie retournement, changement de direction. Le mot sert donc à désigner toute espèce de retournement ou de transposition. Mais ce mot latin conversio correspond en fait à deux mots grecs de sens différents, d'une part epistrophê qui signifie changement d'orientation et implique l'idée d'un retour (retour à l'origine, retour à soi), d'autre part metanoïa qui signifie changement de pensée, repentir, et implique l'idée d'une mutation et d'une renaissance. Il y a donc, dans la notion de conversion, une opposition interne entre l'idée de « retour à l'origine » et l'idée de « renaissance ». Cette polarité fidélité-rupture a fortement marqué la conscience occidentale depuis l'apparition du christianisme.
« Jésus dit à Pierre : … toi, quand tu seras converti, affermis tes frères ». (Luc 22.32). Dans certaines Bible, il est écrit : quand tu seras revenu. J'ai préféré cette traduction quoi que les deux aient en fait le même sens.
On peut donc se poser la question : Quand donc les disciples se sont-ils convertis ?
Et trop souvent l'expression « se convertir », a pris, dans la langue courante, le sens de « changer de religion ». Il y a pourtant une autre signification au mot « conversion ». C'est ainsi que dans la pratique du ski, c'est un demi-tour, et cela en traduit mieux le sens d'origine. En effet la Bible utilise assez souvent ce mot pour décrire le retour de l'homme à Dieu : « conversion à Dieu » (Actes 15.19 ; Actes 26.20 ; 1 Thess. 1.9), « conversion au Seigneur » (Actes 9.35 ; Actes 11.21 ; 2 Co.3.16).
Donc le sens de l'original grec est trop large. Il signifie à la fois, entre autres, se retourner, se détourner, revenir, ramener, renversement, torsion, retour sur soi-même, etc.
Et il n'est pas possible d'inférer à partir de ce que Jésus dit à Pierre, que les disciples n'auraient pas été « convertis à Dieu ». D'ailleurs Jésus s'adresse uniquement à Pierre puisqu'Il lui dit « toi, quand tu seras converti »...
Or si nous remontons avant cet échange, nous voyons Jésus qui après avoir posé cette question : « Au dire des gens, qu'est le Fils de l'homme ? » (Mt 16:13), et Simon-Pierre répondre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16:16) En réponse, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux.
Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux ... » (Mt 16:18-19)
Donc Jésus s'adresse à celui qu'Il a choisi pour être à la tête de Son église.
Comme tout ce qui est Divin, ce choix ne repose nullement sur des critères humains. Jésus nous le dit assez souvent que nous n'avons pas à juger nos frères car Lui seul lit ce qui est caché. Il n'ignore rien de ce qu'est Pierre à ce moment et de ce qu'il va devenir quand il sera « converti" donc débarrasser de tout ce qui en ce moment fait de lui un présomptueux, comme nous le sommes souvent, comptant sur sa force personnelle, ce que Pierre exprime lui-même au verset suivant : « Seigneur, lui dit Pierre, je suis prêt à aller avec toi et en prison et à la mort. » (Luc 22.33)
Combien de fois, nous sourions en lisant ces passages ... mais dans le même temps, combien de fois avons-nous regardé nos frères d'un œil critique en nous demandant pourquoi ne sont-ils pas capables de ...
Toujours la question de la paille dans l’œil de l'autre que nous nous évertuons à voir sans trop nous préoccuper de la poutre qui dans notre œil nous empêche de comprendre que l'autre est différent, certes, mais rien ne dit que nous soyons meilleur. Si ce n'est ce démon que nous avons en nous et qui nous pousse alors de façon stoïque « à nous couper de ce membre » impropre, acte qui décuple encore plus notre mégalomanie et augmente insidieusement de plus en plus l'emprise des démons sur nos sens et notre capacité de discernement.
Nous allons donc faire notre bivouac du soir, afin de rentrer en nous-même pour voir le nombre de fois où avec la même présomption, et parfois de façon plus accentuée, nous avons pris des engagements vis à vis de Dieu, sans nous rendre compte de notre utopie.
Nous n'avons le choix qu'entre ces deux petit arbres car nous devons sortir de notre confort et voir la terre desséchée de nos coeurs.