Montée vers Pâques : Carême 2015 - PAS 27, 28, 29, 30
20 - 21 - 23 - 24 Mars
Nous avions vu lors de notre dernier pas : La conversion du cœur
La conversion est le fruit de la Parole. Elle n’est pas qu’un simple regret, un remords, un sentiment de culpabilité. Elle est un changement radical de vie, un retournement du cœur et de l’esprit (métanoïa en grec), que l’homme décide de faire, pour répondre à la parole de Dieu qu’il a entendue et qui l’a transformée.
La conversion engage la pénitence, qui en est la réalisation actée : tel changement, tel arrêt d'une pratique négative [ex de fumer, de se droguer, d'être addicte à quoi que ce soit], ou telle mise en route d'une pratique positive, selon ce qu’était « ma vie » avant ; mais aussi la prière, le jeûne et le partage.
La conversion est bien le fait de celui qui se convertit, mais elle est le fruit du travail de l’Esprit Saint en lui.
La conversion de Paul qui persécutaient pourtant les disciples du Christ a été possible, alors que les chefs Juifs sont demeurés de purs et durs opposants hostiles aux Christs et à Ses disciples.
Jésus nous en a donné ci-dessous les raisons :
tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites- le et observez-le.
Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.Mt 23:3-
Paul loque Saul était un activiste zélé combattant ceux qu'il estimait être des opposants sectaires de la Loi et donc de Dieu. Il n'agissait pas dans un but intéressé pour garder les privilèges qu'il aurait acquis en suivant la religion qui jusqu'alors lui semblait correspondre au plan de Dieu pour le peuple Juif.
Les chefs Juifs, par contre cherchaient surtout à garder leur prestige, position sociale et pécuniaire découlant de leur statut. Ils n'ont pas hésitez à corrompre tous ceux qu'ils pouvaient autour d'eux, pourtant les procédés qu'ils ont utilisés étaient tous en contradiction avec la Loi donnée par Dieu via Moïse.
D'une certaine manière, ils avaient fait de leurs cœurs de cette sorte de "maison de trafic" telle que montrée dans l'Évangile de Saint Jean :
« Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 13-25), où nous voyons Jésus chasser du Temple les marchands.
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Ne faîtes pas de la maison de mon Père une maison de trafic ! (Jn 2,16)
Après avoir accompli son premier miracle à Cana en Galilée, Jésus se rendit à Jérusalem et monta au Temple pour prier et pour prêcher la Bonne Nouvelle qu’Il est venu apporter au monde. Mais que ne fut pas sa surprise de voir la maison de Son Père : le Temple de Dieu rempli de marchands et de trafiquants de toutes sortes !
Ces gens ne semblaient se soucier que d’une seule chose : amasser de l’argent, faire du profit en ce lieu de culte voué à la rencontre avec Dieu.
Jésus fit un fouet, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » (Jn 2, 15-16)
La colère de Jésus nous interpelle car contraste avec ce que sa vie jusqu'alors nous révèle sur Lui.
Pour mieux saisir de quoi il en retourne, concentrons-nous sur le terme qu'Il emploi : une maison de trafic
Le trafic tient du commerce qui s'y fait, mais aussi du mouvement et de la cacophonie produits, de l'étalage de sa position sociale, de l'écrasement du faible, et de la multiplicité des intermédiaires et vendeurs. Chacun est tourné vers une des idoles les plus anciennes nichées dans le cœur de l'homme : le profit.
Pourtant Jésus a dit qu'on ne peut servir deux maîtres à la fois.
Et là les différents protagonistes cherchent à servir à la fois Dieu et l’argent :
« Enlevez cela d’ici, s’écria Jésus; ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic! »
La violence manifestée par Jésus indique clairement : Le Temple de Dieu est un lieu de culte, or là toute la religion était devenue un commerce, un marchandage, une recherche de profit. Comment après cela avoir un cœur suffisamment pur pour aller offrir son sacrifice ?
Dans quel état d'esprit l'offrande achetée était offerte ?
Posons-nous des questions sur nos assemblées lors de la Messe.
Nous comportons -nous dans l'enceinte de l'église avec tout le calme et le respect que ce lieu et surtout notre Hôte mérite ?
Me viennent en tête certaines assemblées où il est pratiquement impossible de se recueillir à cause des bavardages intempestifs des "habitués" des lieux qui se les ont appropriés pour leur échanges perso sans aucun égard vis à vis de Dieu et des autres fidèles.
Par ailleurs nos offrandes sont-elles désintéressés ?
Ne donnons-nous pas pour recevoir ?
N'escomptons-nous pas grâce à cette offrande, recevoir en retour l’aide de Dieu pour la réalisation d'une affaire, ou obtenir la santé, ou la réussite à un examen, à un concours et que sais-je ..., A chacun de faire le point.
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Dieu, Lui, donne gratuitement. Il se donne, même, totalement, sans aucun mérite de notre part. Peut être devrions-nous tendre vers le dépassement de notre religion du « troc » pour parvenir à accueillir le don gratuit de Dieu qui veut que nous soyons heureux, et nous en donne dans la première lecture du 3ème Dimanche de Carême un moyen assez simple : écouter sa Parole inscrite dans la Loi et en vivre (Ex20, 1-17).
Les commandements sont là comme pour nous baliser le chemin et nous alerter au préalable sur tout danger éventuel, puisque « Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard ». (psaume 18)
Mais pour ceux que Dieu appelle,
qu’ils soient juifs ou grecs,
ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. (1 Co 1, 24)
Et c'est parce que Jésus est "puissance de Dieu et sagesse de Dieu" qu'Il a certifié dans ce même Évangile : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » (Jn 2;19).
C'est Lui le Sanctuaire en question, Il définie ainsi le fondement de la Nouvelle Alliance de Dieu avec les homme conclue " En Lui, par Lui et avec Lui". le Seigneur nous a aussi dit vivre en nous et que nos corps sont les nouveaux Temples.
Veillons donc à ne pas en faire, nous aussi, des maisons de trafic !
Pour éviter que nos coeurs ne soient si pleins de tout hormi Dieu, donnons au Seigneur tout ce qui les encombre et qui ne provient pas de Lui. Sinon nous nous habituerons vite aux normes du monde sans foi ni loi et aveuglés nous ne seront plus sur un chemin de conversion puisque nous ne verrions plus la nécessité de changer pour répondre à la parole de Dieu.
Veillons pour que le laisser-aller n’envahisse pas notre conscience ! L’incapacité de reconnaître sa faute est la forme la plus dangereuse de cécité spirituelle que l’on puisse imaginer, car elle rend les personnes incapables de s’améliorer. (Benoit XVI).
C’est dans la relation avec Dieu que la foi se vit et aussi là où se trouve l'autre puisque Christ vit en chacun de nous et que tous nous faisons partie du même Corps.
Durant notre périple de Carême, nous avons échafaudé de gros chantiers de métamorphose intérieure. On s'est demandé quelquefois quelle action extraordinaire et bien visible on va bien pouvoir inventer pour bien vivre ce carême, ces 40 jours nous séparant de la grande Fête de Pâques.
Manque de bol, Jésus, lui, nous dit tout le contraire ! Et pas seulement une fois : trois fois dans un même passage de l’évangile de Matthieu :
Ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
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Dans le secret. Autrement dit, ce que nous faisons durant le Carême pour nous rapprocher de Dieu, personne n’a besoin de le savoir : c’est notre engagement perso envers Lui et Lui seul, c’est notre secret partagé avec Lui.
Hé oui, tu as prié, tu as jeûné, tu as fait l’aumône … mais tu n’as pas à le crier sur les toits. Il n'est pas interdit de le faire avec d’autres ... mais ce n'est pas obligatoire, dans une démarche d'Église, les fidèles ont à vivre un Carême de conversion.
En regardant attentivement l'attitude de Jésus avec la Samaritaine, avec l'Aveugle-né, avec Lazare et ses sœurs, pour mesurer combien Il nous invite à l'accueil, au partage et à la rencontre de l'autre. Nous avons à Le suivre dans une attitude de charité, d'amour, de solidarité, à nous tourner vers Son Père riche en miséricorde pour le louer et pour le supplier. Cela dépend de chacun de nous.
Cependant il est indéniable que depuis l'allègement des obligations extérieures du Carême, nous avons tendance à le gérer individuellement, à notre convenance, quitte à dire qu'il n'existe plus.
Le jeûne du mercredi des cendres et du vendredi saint, l'abstinence de viande des vendredis de Carême ne sont pas des privations individuelles, mais un signe donné par la communauté des chrétiens de la démarche plus profonde dans laquelle elle s'engage durant le Carême.
Prière, écoute de la Parole, conversion, partage, jeûne,font partie de ce chemin de conversion par lequel, depuis le jour de notre baptême, Jésus nous appelle à la sainteté et au bonheur.