LETTRE ENCYCLIQUE REDEMPTORIS MATER DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II SUR LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE DANS LA VIE DE L'ÉGLISE EN MARCHE - Suite 5
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LETTRE ENCYCLIQUE
REDEMPTORIS MATER
DU SOUVERAIN PONTIFE
JEAN-PAUL II
SUR LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
DANS LA VIE DE L'ÉGLISE EN MARCHE
Bénédiction
Vénérables Frères,
chers Fils et Filles,
salut et Bénédiction Apostolique!
INTRODUCTION
1. LA MÈRE DU RÉDEMPTEUR a une place bien définie dans le plan du salut, parce que, «quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale. Et la preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils qui crie: Abba, Père!» (Ga 4, 4-6).
Par ces paroles de l'Apôtre Paul, que le Concile Vatican II reprend au début de son exposé sur la Bienheureuse Vierge Marie 1, je voudrais, moi aussi, commencer ma réflexion sur le sens du rôle qu'a Marie dans le mystère du Christ et sur sa présence active et exemplaire dans la vie de l’Église. En effet, ces paroles proclament conjointement l'amour du Père, la mission du Fils, le don de l'Esprit, la femme qui a donné naissance au Rédempteur, notre filiation divine, dans le mystère de la «plénitude du temps» 2.
Cette plénitude détermine le moment fixé de toute éternité où le Père envoya son Fils «afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle» (Jn 3, 16). Elle désigne l'heureux moment où «le Verbe qui était avec Dieu, ... s'est fait chair et a habité parmi nous» (Jn 1, 1. 14), se faisant notre frère. Elle marque le moment où l'Esprit, qui avait déjà répandu en Marie de Nazareth la plénitude de la grâce, forma en son sein virginal la nature humaine du Christ. Elle indique le moment où, par l'entrée de l'éternité dans le temps, le temps lui-même est sauvé et, pénétré par le mystère du Christ, devient définitivement le «temps du salut». Enfin, elle désigne le début secret du cheminement de l’Église. Dans la liturgie, en effet, l’Église acclame Marie de Nazareth comme son commencement 3 parce que, dans l'événement de la conception immaculée, elle voit s'appliquer, par anticipation dans le plus noble de ses membres, la grâce salvifique de la Pâque, et surtout parce que dans l'événement de l'Incarnation elle trouve le Christ et Marie indissolublement associés: celui qui est son Seigneur et sa Tête et celle qui, en prononçant le premier fiat de la Nouvelle Alliance, préfigure sa condition d'épouse et de mère.
2. Soutenue par la présence du Christ (cf. Mt 28, 20), l’Église marche au cours du temps vers la consommation des siècles et va à la rencontre du Seigneur qui vient; mais sur ce chemin -et je tiens à le faire remarquer d'emblée- elle progresse en suivant l'itinéraire accompli par la Vierge Marie qui «avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la Croix» 4.
Je reprends les paroles si denses et si évocatrices de la Constitution Lumen gentium, qui présente, dans sa conclusion, une synthèse remarquable de la doctrine enseignée par l’Église sur le thème de la Mère du Christ qu'elle vénère comme sa Mère très aimante et son modèle dans la foi, l'espérance et la charité.
Quelques années après le Concile, mon grand prédécesseur Paul VI voulut reparler de la Vierge très sainte, exposant dans l'encyclique Christi Matri, puis dans les exhortations apostoliques Signum magnum et Marialis cultus 5, les fondements et les critères de la vénération unique que reçoit la Mère du Christ dans l’Église, et également les différentes formes de la dévotion mariale - liturgiques, populaires ou privées- correspondant à l'esprit de la foi.
3. La circonstance qui me pousse à reprendre maintenant ce thème est la perspective de l'an 2000, désormais proche, où le Jubilé du bimillénaire de la naissance de Jésus Christ porte en même temps notre regard vers sa Mère. Ces dernières années, diverses voix se sont fait entendre pour exprimer l'opportunité de faire précéder cette commémoration par un Jubilé analogue destiné à célébrer la naissance de Marie.
En réalité, s'il n'est pas possible de déterminer chronologiquement un moment précis pour fixer la date de la naissance de Marie, dans l’Église on a constamment eu conscience de ce que Marie parut avant le Christ à l'horizon de l'histoire du salut 6. C'est une réalité que, tandis qu'approchait définitivement «la plénitude du temps», c'est-à-dire l'avènement salvifique de l'Emmanuel, celle qui était destinée de toute éternité à être sa Mère existait déjà sur la terre. Le fait qu'elle «précède» la venue du Christ se trouve reflété chaque année dans la liturgie de l'Avent. Si donc les années qui nous séparent de la conclusion du deuxième millénaire après le Christ et du commencement du troisième millénaire peuvent être rapprochées de cette antique attente historique du Sauveur, il devient pleinement compréhensible que nous désirions nous tourner spécialement en cette période vers celle qui, dans la «nuit» où était attendu l'Avènement, commença à resplendir comme une véritable «étoile du matin» (Stella matutina). En effet, comme cette étoile, en même temps que l'«aurore», précède le lever du soleil, de même Marie, dès sa conception immaculée, a précédé la venue du Sauveur, le lever du «soleil de justice» dans l'histoire du genre humain 7.Sa présence en Israël -si discrète qu'elle passa presque inaperçue aux yeux de ses contemporains - resplendissait clairement devant l’Éternel qui avait associé au plan salvifique embrassant toute l'histoire de l'humanité cette «fille de Sion» cachée (cf. So 3, 14; Za 2, 14). C'est donc à juste titre que, au terme du deuxième millénaire, nous les chrétiens, sachant combien le plan providentiel de la Trinité Sainte est la réalité centrale de la révélation et de la foi, nous éprouvons le besoin de mettre en relief la présence unique de la Mère du Christ dans l'histoire, particulièrement au cours de ces dernières années avant l'an 2000.
4. Le Concile Vatican II nous prépare à cela en présentant dans son enseignement la Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Eglise. En effet, s'il est vrai que «le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné» - comme l'affirme ce même Concile 8 -, il convient d'appliquer ce principe d'une manière toute particulière à cette «fille des générations humaines» exceptionnelle, à cette «femme» extraordinaire qui devint la Mère du Christ. C'est seulement dans le mystère du Christ que s'éclaire pleinement son mystère. Du reste, c'est ainsi que l'Eglise a cherché à le déchiffrer dès le commencement: le mystère de l'Incarnation lui a permis de pénétrer et d'éclairer toujours mieux le mystère de la Mère du Verbe incarné. Dans cet approfondissement, le Concile d' Ephèse (431) eut une importance décisive, car, à la grande joie des chrétiens, la vérité sur la maternité divine de Marie y fut solennellement confirmée comme vérité de foi dans l'Eglise. Marie est la Mère de Dieu ( = Théotokos), parce que, par le Saint-Esprit, elle a conçu en son sein virginal et a mis au monde Jésus Christ, le Fils de Dieu consubstantiel au Père 9. «Le Fils de Dieu..., né de la Vierge Marie, est vraiment devenu l'un de nous» 10, il s'est fait homme. Ainsi donc, par le mystère du Christ, le mystère de sa Mère resplendit en plénitude à l'horizon de la foi de l'Eglise. A son tour, le dogme de la maternité divine de Marie fut pour le Concile d'Ephèse et est pour l'Eglise comme un sceau authentifiant le dogme de l'Incarnation, selon lequel le Verbe assume véritablement, dans l'unité de sa personne, la nature humaine sans l'abolir.
5. Présenter Marie dans le mystère du Christ, c'est aussi pour le Concile une manière d'approfondir la connaissance du mystère de l'Eglise. En effet, Marie, en tant que Mère du Christ, est unie spécialement à l'Eglise «que le Seigneur a établie comme son corps» 11. Le texte conciliaire rapproche de façon significative cette vérité sur l'Eglise corps du Christ (suivant l'enseignement des Lettres de saint Paul) de la vérité que le Fils de Dieu «par l'Esprit Saint est né de la Vierge Marie». La réalité de l'Incarnation trouve pour ainsi dire son prolongement dans le mystère de l'Eglise - corps du Christ. Et l'on ne peut penser à la réalité même de l'Incarnation sans évoquer Marie, Mère du Verbe incarné. Cependant, dans les présentes réflexions, je veux évoquer surtout le «pèlerinage de la foi» dans lequel «la bienheureuse Vierge avança», gardant fidèlement l'union avec le Christ 12. Ainsi ce «double lien» qui unit la Mère de Dieu avec le Christ et avec l'Eglise prend une signification historique. Il ne s'agit pas ici seulement de l'histoire de la Vierge Mère, de l'itinéraire personnel de sa foi et de la «meilleure part» qu'elle a dans le mystère du salut, mais aussi de l'histoire de tout le Peuple de Dieu, de tous ceux qui participent au même pélérinage de la foi.
Cela, le Concile l'exprime dans un autre passage quand il constate que Marie «occupe la première place», devenant «figure de l’Église ... dans l'ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ» 13. Sa «première place» comme figure, ou modèle, se rapporte au même mystère intime de l’Église qui réalise et accomplit sa mission salvifique en unissant en soi, comme Marie, les qualités de mère et de vierge. Elle est vierge, «ayant donné à son Époux sa foi qu'elle garde intègre et pure», et elle «devient à son tour une Mère...: elle engendre, à une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu» 14.
6. Tout cela s'accomplit au cours d'un grand processus historique et, en quelque sorte, d'un «itinéraire». Le pèlerinage de la foi désigne l'histoire intérieure, pour ainsi dire l'histoire des âmes. Mais c'est aussi l'histoire des hommes, soumis à une condition transitoire sur cette terre, situés dans le cadre de l'histoire. Dans les réflexions qui suivent, nous voudrions être attentifs avant tout à la phase actuelle, qui, en soi, n'est pas encore l'histoire, et cependant la modèle sans cesse, spécialement au sens de l'histoire du salut. Un champ très ample s'ouvre ici à l'intérieur duquel la Bienheureuse Vierge Marie continue d'occuper «la première place» dans le Peuple de Dieu. Son pèlerinage de foi exceptionnel représente une référence constante pour l’Église, pour chacun individuellement et pour la communauté, pour les peuples et pour les nations et, en un sens, pour l'humanité entière. En vérité, il est difficile de saisir et de mesurer son rayonnement.
Le Concile souligne que la Mère de Dieu est désormais l'accomplissement eschatologique de l’Église: «L’Église, en la personne de la Bienheureuse Vierge, atteint déjà à la perfection qui la fait sans tache ni ride (cf. Ep 5, 27)» -et il souligne simultanément que «les fidèles sont encore tendus dans leur effort pour croître en sainteté par la victoire sur le péché: c'est pourquoi ils lèvent les yeux vers Marie comme modèle des vertus qui rayonne sur toute la communauté des élus» 15. Le pèlerinage de la foi n'est plus ce qu'accomplit la Mère du Fils de Dieu: glorifiée dans les cieux aux côtés de son Fils, Marie a désormais franchi le seuil qui sépare la foi de la vision «face à face» (1 Co 13, 12). En même temps, toutefois, dans cet accomplissement eschatologique, Marie ne cesse d'être «l'étoile de la mer» (Maris stella) 16 pour tous ceux qui parcourent encore le chemin de la foi. S'ils lèvent les yeux vers elle dans les divers lieux de l'existence terrestre, ils le font parce qu'elle «engendra son Fils, dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères (Rm 8, 29)» 17 et aussi parce que, «à la naissance et à l'éducation» de ces frères et de ces sœurs, elle «apporte la coopération de son amour maternel» 18.
PREMIÈRE PARTIE - MARIE DANS LE MYSTÈRE DU CHRIST
DEUXIÈME PARTIE - LA MÈRE DE DIEU AU CENTRE DE L’ÉGLISE EN MARCHE
http://trinite-sainte-et-mariemamere.over-blog.com/2023/06/lettre-encyclique-redemptoris-mater-du-souverain-pontife-jean-paul-ii-sur-la-bienheureuse-vierge-marie-dans-la-vie-de-l-eglise-en-marche-suite-4.html
3. Le «Magnificat» de l'Eglise en marche
35. Dans la phase actuelle de sa marche, l'Eglise cherche donc à retrouver l'unité de ceux qui professent la foi au Christ, afin de faire preuve d'obéissance à son Seigneur qui, avant sa passion, a prié pour cette unité. Elle «avance dans son pèlerinage..., annonçant la Croix et la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne» 87. «Marchant à travers les tentations, les tribulations, l'Eglise est soutenue par la force de la grâce de Dieu, à elle promise par le Seigneur pour que, du fait de son infirmité charnelle, elle ne manque pas à la perfection de sa fidélité mais reste de son Seigneur la digne Epouse, se renouvelant sans cesse sous l'action de l'Esprit Saint jusqu'à ce que, par la Croix, elle arrive à la lumière sans couchant» 88.
La Vierge Mère est constamment présente dans ce cheminement de foi du Peuple de Dieu vers la lumière. Nous en avons pour témoignage particulier le cantique du «Magnificat» qui, jailli des profondeurs de la foi de Marie lors de la Visitation, ne cesse de résonner dans le coeur de l'Eglise à travers les siècles. Il est en effet répété quotidiennement dans la liturgie des Vêpres et dans bien d'autres actes de piété personnelle et communautaire.
«Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur!
Il s'est penché sur son humble servante;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles;
Saint est son nom!
Son amour s'étend d'âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël, son serviteur,
il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d'Abraham et de sa race à jamais» (Lc 1, 46-55).
36. Quand Elisabeth salua sa jeune parente qui arrivait de Nazareth, Marie lui répondit par le Magnificat. En saluant Marie, Elisabeth avait commencé par l'appeler «bénie», à cause du «fruit de son sein», puis «bienheureuse» en raison de sa foi (cf. Lc 1, 42. 45). Ces deux bénédictions se référaient directement au moment de l'Annonciation. Or, à la Visitation, lorsque la salutation d'Elisabeth rend témoignage à ce moment primordial, la foi de Marie devient encore plus consciente et trouve une nouvelle expression. Ce qui, lors de l'Annonciation, restait caché dans les profondeurs de l'«obéissance de la foi», se libère maintenant, dirait-on, comme une flamme claire, vivifiante, de l'esprit. Les expressions utilisées par Marie au seuil de la maison d'Elisabeth constituent une profession de foi inspirée, dans laquelle la réponse à la parole de la Révélation s'exprime par l'élévation spirituelle et poétique de tout son être vers Dieu. Dans ces expressions sublimes, qui sont à la fois très simples et pleinement inspirées par les textes sacrés du peuple d'Israël 89, transparaît l'expérience personnelle de Marie, l'extase de son cœur. En elles resplendit un rayon du mystère de Dieu, la gloire de sa sainteté ineffable, l'éternel amour qui, comme un don irrévocable, entre dans l'histoire de l'homme.
Marie est la première à participer à cette nouvelle révélation de Dieu et, en elle, à ce nouveau don que Dieu fait de lui-même. C'est pourquoi elle proclame: «Il a fait pour moi des merveilles; Saint est son nom». Ses paroles reflètent la joie de l'esprit, difficile à exprimer: «Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur». Car «la profonde vérité ... sur Dieu et sur le salut de l'homme resplendit pour nous dans le Christ, qui est à la fois le médiateur et la plénitude de toute la Révélation» 90. Dans l'exultation de son cœur, Marie proclame qu'elle s'est trouvée au centre même de cette plénitude du Christ. En elle s'est accomplie, elle en a bien conscience, la promesse faite à nos pères, et avant tout «en faveur d'Abraham et de sa race, à jamais»; et donc vers elle, comme Mère du Christ, s'oriente toute l'économie du salut, dans laquelle, «d'âge en âge», se manifeste le Dieu de l'Alliance, celui qui «se souvient de son amour».
37. L'Eglise, qui depuis le commencement règle son cheminement terrestre sur celui de la Mère de Dieu, répète constamment à sa suite les paroles du Magnificat. Au plus profond de la foi de la Vierge à l'Annonciation et à la Visitation, elle puise la vérité sur le Dieu de l'Alliance, sur le Dieu qui est tout-puissant et fait «des merveilles» pour l'homme: «Saint est son nom». Dans le Magnificat, elle voit écrasé jusqu'à la racine le péché situé au début de l'histoire terrestre de l'homme et de la femme, le péché d'incrédulité et du «peu de foi» envers Dieu. Contre le «soupçon» que le «père du mensonge» a fait naître dans le cœur d'Eve, la première femme, Marie, que la tradition a l'habitude d'appeler la «nouvelle Eve» 91, la vraie «mère des vivants» 92, proclame avec force la vérité non voilée sur Dieu, le Dieu saint et tout-puissant qui, depuis le commencement, est la source de tout don, celui qui «a fait des merveilles». En créant, Dieu donne l'existence à toute la réalité. En créant l'homme, il lui donne la dignité de l'image et de la ressemblance avec lui d'une façon singulière par rapport à toutes les créatures terrestres. Et loin de s'arrêter dans sa volonté de libéralité, malgré le péché de l'homme, Dieu se donne en son Fils: il «a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique» (Jn 3, 16). Marie est le premier témoin de cette merveilleuse vérité, qui se réalisera pleinement par les actions et l'enseignement (cf. Ac 1, 1) de son Fils, et définitivement par sa Croix et sa Résurrection.
L'Eglise, qui, malgré «les tentations et les tribulations», ne cesse de répéter avec Marie les paroles du Magnificat, «est soutenue» par la puissance de la vérité sur Dieu, proclamée alors avec une simplicité si extraordinaire, et, en même temps, par cette vérité sur Dieu, elle désire éclairer les chemins ardus et parfois entrecroisés de l'existence terrestre des hommes. La marche de l'Eglise, en cette fin du second millénaire du christianisme, implique donc un effort renouvelé de fidélité à sa mission. A la suite de celui qui a dit de lui-même: «[Dieu] m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres» (cf. Lc 4, 18), l'Eglise s'est efforcée d'âge en âge et s'efforce encore aujourd'hui d'accomplir cette même mission.
Son amour préférentiel pour les pauvres est admirablement inscrit dans le Magnificat de Marie. Le Dieu de l'Alliance, chanté par la Vierge de Nazareth dans l'exultation de son esprit, est en même temps celui qui «renverse les puissants de leurs trônes et élève les humbles.... comble de biens les affamés, et renvoie les riches les mains vides..., disperse les superbes et étend son amour sur ceux qui le craignent». Marie est profondément marquée par l'esprit des «pauvres de Yahvé» qui, selon la prière des psaumes, attendaient de Dieu leur salut et mettaient en lui toute leur confiance (cf. Ps 25; 31; 35; 55). Elle proclame en réalité l'avènement du mystère du salut, la venue du «Messie des pauvres» (cf. Is 11, 4; 61, 1). En puisant dans le cœur de Marie, dans la profondeur de sa foi exprimée par les paroles du Magnificat, l'Eglise prend toujours mieux conscience de ceci: on ne peut séparer la vérité sur Dieu qui sauve, sur Dieu qui est source de tout don, de la manifestation de son amour préférentiel pour les pauvres et les humbles, amour qui, chanté dans le Magnificat, se trouve ensuite exprimé dans les paroles et les actions de Jésus.
L'Eglise sait donc bien -et à notre époque, une telle certitude se renforce d'une manière particulière - que non seulement on ne peut séparer ces deux éléments du message contenu dans le Magnificat, mais que l'on doit également sauvegarder soigneusement l'importance qu'ont dans la parole du Dieu vivant «les pauvres» et «l'option en faveur des pauvres». Il s'agit là de thèmes et de problèmes organiquement connexes avec le sens chrétien de la liberté et de la libération. «Totalement dépendante de Dieu et tout orientée vers Lui par l'élan de sa foi, Marie est, aux côtés de son Fils, l'icône la plus parfaite de la liberté et de la libération de l'humanité et du cosmos. C'est vers elle que l'Eglise, dont elle est la Mère et le modèle, doit regarder pour comprendre dans son intégralité le sens de sa mission» 93
TROISIÈME PARTIE - LA MEDIATION MATERNELLE
1. Marie, Servante du Seigneur
38. L'Eglise sait et enseigne avec saint Paul que nous n'avons qu'un seul médiateur: «Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s'est livré en rançon pour tous» (1 Tm 2, 5-6). «Le rôle maternel de Marie à l'égard des hommes n'offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ: il en manifeste au contraire la vertu» 94: c'est une médiation dans le Christ.
L'Eglise sait et enseigne que «toute influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge sur les hommes a sa source dans une disposition purement gratuite de Dieu: elle... découle de la surabondance des mérites du Christ; elle s'appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d'où elle tire toute sa vertu; l'union immédiate des croyants avec le Christ ne s'en trouve en aucune manière empêchée, mais au contraire aidée» 95.
Cette influence salutaire est soutenue par l'Esprit Saint: de même qu'il prit la Vierge sous son ombre, déterminant en elle le commencement de la maternité divine, de même il affermit sans cesse sa sollicitude pour les frères de son Fils.
De fait, la médiation de Marie est étroitement liée à sa maternité, elle possède un caractère spécifiquement maternel par lequel elle se distingue de celle des autres créatures qui, d'une manière différente mais toujours subordonnée, participent à l'unique médiation du Christ, la médiation de Marie étant, elle aussi, participée 96. En effet, si «aucune créature ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur», en même temps «l'unique médiation du Rédempteur n'exclut pas mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l'unique source»; et ainsi «l'unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les créatures» 97.
L'enseignement du Concile Vatican II présente la vérité sur la médiation de Marie comme une participation à l'unique source qu'est la médiation du Christ lui-même. Nous lisons en effet: «Ce rôle subordonné de Marie, l'Eglise le professe sans hésitation, elle ne cesse d'en faire l'expérience; elle le recommande au cœur des fidèles pour que cet appui et ce secours maternels les aident à s'attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur» 98. Ce rôle est en même temps spécial et extraordinaire. Il découle de sa maternité divine et ne peut être compris et vécu dans la foi qu'en s'appuyant sur la pleine vérité de cette maternité. Marie étant, en vertu de l'élection divine, la Mère du Fils consubstantiel au Père, «généreusement associée» à l'œuvre de la Rédemption, «elle est devenue pour nous, dans l'ordre de la grâce, notre Mère» 99. Ce rôle constitue une dimension réelle de sa présence dans le mystère salvifique du Christ et de l'Eglise.
39. C'est de ce point de vue qu'il faut, encore une fois, considérer l'événement fondamental dans l'économie du salut, c'est-à-dire l'Incarnation du Verbe au moment de l'Annonciation. Il est significatif que Marie, reconnaissant dans la parole du messager divin la volonté du Très-Haut et se soumettant à sa puissance, dise: «Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole» (Lc 1, 38). Le premier moment de la soumission à l'unique médiation «entre Dieu et les hommes» -celle de Jésus Christ- est l'acceptation de la maternité de la part de la Vierge de Nazareth. Marie consent au choix de Dieu pour devenir, par l'Esprit Saint, la Mère du Fils de Dieu. On peut dire que le consentement qu'elle donne à la maternité est surtout le fruit de sa donation totale à Dieu dans la virginité. Marie a accepté d'être choisie comme Mère du Fils de Dieu, guidée par l'amour nuptial, qui «consacre» totalement à Dieu une personne humaine. En vertu de cet amour, Marie désirait être toujours et en tout «donnée à Dieu», en vivant dans la virginité. Les mots «Je suis la servante du Seigneur» expriment le fait que, depuis le début, elle a accueilli et compris sa maternité comme un don total de soi, de sa personne, au service des desseins salvifiques du Très-Haut. Et toute sa participation maternelle à la vie de Jésus Christ, son Fils, elle l'a vécue jusqu'à la fin d'une manière qui répondait à sa vocation à la virginité.
La maternité de Marie, imprégnée jusqu'au plus profond d'elle-même de l'attitude nuptiale de «servante du Seigneur», constitue la dimension première et fondamentale de la médiation que l'Eglise lui reconnaît, qu'elle proclame 100 et que, continuellement, «elle recommande au cœur des fidèles» car elle a grande confiance en elle. Il faut en effet admettre qu'avant tout autre, Dieu lui-même, le Père éternel, s'en est remis à la Vierge de Nazareth, lui donnant son propre Fils dans le mystère de l'Incarnation. Cette élection pour le rôle et la dignité suprêmes de Mère du Fils de Dieu appartient, sur le plan ontologique, à la réalité même de l'union des deux natures dans la personne du Verbe (union hypostatique). Ce fait fondamental d'être la Mère du Fils de Dieu est, depuis le début, une ouverture totale à la personne du Christ, à toute son œuvre, à toute sa mission. Les mots «Je suis la servante du Seigneur» témoignent de cette ouverture d'esprit de Marie, qui unit en elle de façon parfaite l'amour propre à la virginité et l'amour caractéristique de la maternité, réunis et pour ainsi dire fusionnés.
C'est pourquoi non seulement Marie est devenue la mère du Fils de l'homme, celle qui l'a nourri, mais elle a été aussi «généreusement associée, à un titre absolument unique» 101 au Messie, au Rédempteur. Comme je l'ai déjà dit, elle avançait dans son pèlerinage de foi, et dans ce pèlerinage jusqu'au pied de la Croix s'est réalisée en même temps sa coopération maternelle à toute la mission du Sauveur, par ses actions et ses souffrances. Au long du chemin de cette collaboration à l'œuvre de son Fils Rédempteur, la maternité même de Marie connaissait une transformation singulière, s'imprégnant toujours davantage de «charité ardente» envers tous ceux auxquels s'adressait la mission du Christ. Par cette «ardente charité», qui visait, en union avec le Christ, à ce que soit «rendue aux âmes la vie surnaturelle» 102, Marie entrait d'une manière tout à fait personnelle dans la médiation unique «entre Dieu et les hommes», qui est la médiation de l'homme Jésus Christ. Si elle a été elle-même la première à faire l'expérience des effets surnaturels de cette unique médiation -déjà, à l'Annonciation, elle avait été saluée comme «pleine de grâce»-, il faut dire que par cette plénitude de grâce et de vie surnaturelle elle était particulièrement prédisposée à la coopération avec le Christ, médiateur unique du salut de l'humanité. Et cette coopération, c'est précisément sa médiation subordonnée à la médiation du Christ.
Dans le cas de Marie, il s'agit d'une médiation spéciale et exceptionnelle, fondée sur la «plénitude de grâce», qui se traduisait par la pleine disponibilité de la «servante du Seigneur». En réponse à cette disponibilité intérieure des a Mère, Jésus Christ la préparait toujours davantage à devenir, pour les hommes, leur «Mère dans l'ordre de la grâce». Cela ressort, au moins d'une façon indirecte, de certains détails rapportés par les Synoptiques (cf. Lc 11, 28; 8, 20-21; Mc 3, 32-35; Mt 12, 47-50) et plus encore par l'Evangile de Jean (cf. 2, 1-12; 19, 25-27), que j'ai déjà mis en lumière. A cet égard, les paroles prononcées par Jésus sur la Croix à propos de Marie et de Jean sont particulièrement éloquentes.
40. Après les événements de la Résurrection et de l'Ascension, Marie, entrant au Cénacle avec les Apôtres dans l'attente de la Pentecôte, était présente en tant que Mère du Seigneur glorifié. Elle était non seulement celle qui «avança dans son pèlerinage de foi» et garda fidèlement l'union avec son Fils «jusqu'à la Croix», mais aussi la «servante du Seigneur», laissée par son Fils comme mère au sein de l'Eglise naissante: «Voici ta mère». Ainsi commença à se former un lien spécial entre cette Mère et l'Eglise. L'Eglise naissante était en effet le fruit de la Croix et de la Résurrection de son Fils. Marie, qui depuis le début s'était donnée sans réserve à la personne et à l'œuvre de son Fils, ne pouvait pas ne pas reporter sur l'Eglise, dès le commencement, ce don maternel qu'elle avait fait de soi. Après le départ de son Fils, sa maternité demeure dans l'Eglise, comme médiation maternelle: en intercédant pour tous ses fils, la Mère coopère à l'action salvifique de son Fils Rédempteur du monde. Le Concile dit en effet: «La maternité de Marie dans l'économie de la grâce se continue sans interruption jusqu'à la consommation définitive de tous les élus» 103. Par la mort rédemptrice de son Fils, la médiation maternelle de la servante du Seigneur a atteint une dimension universelle, car l'oeuvre de la Rédemption inclut tous les hommes. Ainsi se manifeste d'une façon singulière l'efficacité de la médiation unique et universelle du Christ «entre Dieu et les hommes». La coopération de Marie participe, dans son caractère subordonné, à l'universalité de la médiation du Rédempteur, l'unique médiateur. C'est ce qu'indique clairement le Concile dans la phrase citée ci-dessus.
«En effet - lisons-nous encore -, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s'interrompt pas: par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel» 104. C'est avec ce caractère d'«intercession», manifesté pour la première fois à Cana en Galilée, que la médiation de Marie se poursuit dans l'histoire de l'Eglise et du monde. Nous lisons à propos de Marie: «Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n'est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu'à ce qu'ils parviennent à la patrie bienheureuse» 105. Ainsi la maternité de Marie demeure sans cesse dans l'Eglise comme médiation d'intercession, et l'Eglise exprime sa foi en cette vérité en invoquant Marie «sous les titres d'Avocate, d'Auxiliatrice, de Secourable, de Médiatrice» 106.
41. Par sa médiation subordonnée à celle du Rédempteur, Marie contribue d'une manière spéciale à l'union de l'Eglise en pèlerinage sur la terre avec la réalité eschatologique et céleste de la communion des saints, puisqu'elle a déjà été «élevée au ciel» 107. La vérité de l'Assomption, définie par Pie XII, est réaffirmée par le Concile Vatican II, qui exprime ainsi la foi de l'Eglise: «Enfin, la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l'univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs (cf. Ap 19, 16), victorieux du péché et de la mort» 108. Par cet enseignement, Pie XII se reliait à la Tradition, qui a trouvé de multiples expressions dans l'histoire de l'Eglise, tant en Orient qu'en Occident.
Par le mystère de l'Assomption au ciel se sont réalisés définitivement en Marie tous les effets de l'unique médiation du Christ, Rédempteur du monde et Seigneur ressuscité: «Tous revivront dans le Christ. Mais chacun à son rang: comme prémices, le Christ, ensuite ceux qui seront au Christ, lors de son Avènement» (1 Co 15, 22-23). Dans le mystère de l'Assomption s'exprime la foi de l'Eglise, selon laquelle Marie est «unie par un lien étroit et indissoluble» au Christ, car si, en tant que mère et vierge, elle lui était unie de façon singulière lors de sa première venue, par sa continuelle coopération avec lui elle le sera aussi dans l'attente de la seconde venue; «rachetée de façon suréminente en considération des mérites de son Fils» 109, elle a aussi ce rôle, propre à la Mère, de médiatrice de la clémence lors de la venue définitive, lorsque tous ceux qui sont au Christ revivront et que «le dernier ennemi détruit sera la Mort» (1 Co 15, 26) 110.
A cette exaltation de la «fille de Sion par excellence» 111 dans son Assomption au ciel est lié le mystère de sa gloire éternelle. La Mère du Christ est en effet glorifiée comme «Reine de l'univers» 112. Celle qui s'est déclarée «servante du Seigneur» à l'Annonciation est restée, durant toute sa vie terrestre, fidèle à ce que ce nom exprime, se confirmant ainsi véritable «disciple» du Christ, qui avait fortement souligné le caractère de service de sa mission: le Fils de l'homme «n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude» (Mt 20, 28). C'est pourquoi Marie est devenue la première de ceux qui, «servant le Christ également dans les autres, conduisent leurs frères, dans l'humilité et la patience, jusqu'au Roi dont on peut dire que le servir, c'est régner» 113, et elle a pleinement atteint cet «état de liberté royale» qui est propre aux disciples du Christ: servir, ce qui veut dire régner!
«Le Christ, s'étant fait obéissant jusqu'à la mort et pour cela même ayant été exalté par le Père (cf. Ph 2, 8-9), est entré dans la gloire de son royaume; à lui, tout est soumis, en attendant que lui-même se soumette à son Père avec toute la création, afin que Dieu soit tout en tous (cf. 1 Co 15, 27-28)» 114. Marie, servante du Seigneur, a sa part dans ce Royaume de son Fils 115. La gloire de servir ne cesse d'être son exaltation royale: montée au ciel, elle ne suspend pas son rôle salvifique dans lequel s'exprime la médiation maternelle «jusqu'à la consommation définitive de tous les élus» 116. Ainsi, celle qui, sur terre, «garda fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la Croix» continue à lui être unie, alors que désormais «tout est soumis à lui, en attendant que lui-même se soumette à son Père avec toute la création». Et ainsi, dans son assomption au ciel, Marie est comme enveloppée dans toute la réalité de la communion des saints, et son union même à son Fils dans la gloire est toute tendue vers la plénitude définitive du Royaume, lorsque «Dieu sera tout en tous».
Même à ce stade, la médiation maternelle de Marie ne cesse d'être subordonnée à celui qui est l'unique Médiateur, jusqu'à la réalisation définitive «de la plénitude du temps», c'est-à-dire jusqu'à «la récapitulation de toutes choses dans le Christ» (cf. Ep 1, 10).
2. Marie dans la vie de l'Eglise et de chaque chrétien
42. Le Concile Vatican II, se reliant à la Tradition, a projeté une nouvelle lumière sur le rôle de la Mère du Chris dans la vie de l'Eglise. «La bienheureuse Vierge, par le don ... de sa maternité divine qui l'unit à son Fils, le Rédempteur, et par les grâces et les fonctions singulières qui sont les siennes, se trouve également en intime union avec l'Eglise: de l'Eglise... la Mère de Dieu est la figure dans l'ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ» 117. Nous avons déjà vu ci-dessus que Marie, depuis le commencement, reste avec les Apôtres en attendant la Pentecôte et que, étant la «bienheureuse qui a cru», d'âge en âge elle est présente au milieu de l'Eglise qui accomplit son pèlerinage par la foi, étant également le modèle de l'espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5).
Marie a cru en l'accomplissement de ce qui lui avait été dit de la part du Seigneur. Vierge, elle a cru qu'elle concevrait dans son sein et qu'elle enfanterait un fils, le «Saint», auquel correspond le nom de «Fils de Dieu», le nom de «Jésus» (= Dieu qui sauve). Servante du Seigneur, elle est restée parfaitement fidèle à la personne et à la mission de ce Fils. Mère, «c'est dans sa foi et dans son obéissance qu'elle a engendré sur la terre le Fils du Père, sans connaître d'homme, enveloppée par l'Esprit Saint» 118.