FÊTE DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST
La Fête-Dieu, appelée aussi Fête du Saint-Sacrement, Corpus Domini, Corpus Christi est une fête religieuse catholique romaine, mais aussi anglicane, célébrée le jeudi qui suit la Trinité, c'est-à-dire soixante jours après Pâques. Actuellement, le nom officiel de la fête, dans l’Église catholique, est « Solennité du Corps et du Sang du Christ ». Cette fête commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le Sacrement de l'Eucharistie, c'est-à-dire sous les espèces (apparences sensibles) du pain et du vin consacrés au cours du Sacrifice Eucharistique (Messe).
En effet depuis la réforme liturgique du concile Vatican II, la Fête Dieu est appelée "Fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ". La Fête du Corps et du Sang du Christ commémore l'institution du sacrement de l'Eucharistie. Elle appelle à approfondir le sens de l'Eucharistie et sa place dans notre vie.
Cette fête est la célébration du Dieu d'amour qui se révèle en donnant son corps et son sang, en se donnant à nous comme nourriture de vie éternelle. Son sens est un peu différent de celui de la Fête Dieu qui était plus centrée sur l'adoration de la présence réelle du Christ.
La Messe de la Solennité de la Fête du Corps et du Sang du Christ est dite en ornement blanc. La procession a presque complètement disparue. Au cours de la messe on est habituellement invité à communier au corps et au sang comme le Jeudi saint. La première communion très souvent est fixée en ce jour de la Fête du Corps et du Sang du Christ.
La Fête du Corps et du Sang du Christ est normalement fixé le jeudi qui suit la fête de la Sainte Trinité, c'est-à-dire soixante jours après Pâques. Mais en France depuis le concordat de 1801 et dans plusieurs pays la Fête du corps et du sang du Christ est repoussée au dimanche qui suit la Sainte Trinité en vertu d'un indult papal afin de permettre la participation de tous les fidèles, puisque ce jeudi n'est pas un jour férié en France. Il est bon de connaître l'origine de cette Fête.
** Origines de la Fête du Corps et du Sang du Christ : Cette Fête remontent au XIIIe siècle. Jusque là il n'y avait ni office ni exposition du Saint Sacrement. On conservait seulement la Sainte réserve pour les mourants et les malades. Actuellement, c'est la situation dans l'Église orthodoxe.
L’élévation de l'hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Mais l'impulsion décisive en vue d'une fête spécialement consacrée au Corps et au Sang du Christ fut donnée à la suite d'une vision qu'a eu vers 1210 une religieuse sainte Julienne de Cornillon du diocèse de Liège, et de la collaboration apportée par la bienheureuse Ève de Saint-Martin ou Ève de Liège, au projet de la mystique Julienne de Cornillon. Ève de Liège et Julienne de Cornillon étaient toutes deux animées par une dévotion particulière pour l'Eucharistie. Elles s'appréciaient mutuellement et échangeaient sur leurs aspirations spirituelles. C'est d'ailleurs Julienne qui guida Eve dans sa recherche spirituelle et vocationnelle et l’aurait encouragée vers la vie de réclusion.
*** L'histoire de la solennité
Julienne de Cornillon, en religion Mère Julienne du Mont-Cornillon, née le , à Retinne, village près de Fléron, Liège (Belgique), et décédée le Elle perd ses parents, riches agriculteurs, à l’âge de 5 ans et fut confiée, avec sa sœur Agnès, au couvent des sœurs augustiniennes du mont Cornillon à Liège, pour y être élevée par les sœurs. Le couvent dirigeait une léproserie. À 14 ans, Julienne fut admise au nombre des sœurs. Elle étudia le latin, le français, ce qui lui permit de lire les Pères de l’Église, tels que saint Augustin et saint Bernard.
Elle était particulièrement portée vers la dévotion eucharistique, dès son adolescence. À partir de ses 15/16 ans, elle eut de fréquentes visions mystiques, dont une qui revint à de multiples reprises, dans laquelle elle vit une lune échancrée, c’est-à-dire rayonnante de lumière, mais incomplète, une fraction manquante. Elle resta longtemps sans en comprendre la signification, et sans en parler à personne.
En 1222, Julienne fut élue prieure du monastère de Cornillon. Mais, elle subit en tant que prieure de nombreux tourments, certains dus à des membres de sa communauté et d’autres dus à des bourgeois de Liège souhaitant augmenter leur pouvoir sur la léproserie et en accaparer les revenus.
Cependant, la vision étrange continuait de tourmenter Julienne. Ce ne fut qu'après des années, que le Christ Lui-même lui en donna les lumières nécessaires à la compréhension de cette vision. Comme le rappela alors Benoît XVI lors de l’audience générale du 17 novembre 2010 place saint-Pierre: « Le Christ lui révéla la signification de ce qui lui était apparu. La lune symbolisait la vie de l’Église sur terre, la fraction manquante représentait en revanche l’absence d’une fête liturgique, pour l’institution de laquelle il était demandé à Julienne de se prodiguer de façon efficace. » La vita de sainte Julienne écrite seulement six années après sa mort, précise : « Sa volonté, en effet, était que, pour l’augmentation de la foi, qui devait s’affaiblir à la fin du siècle, et pour le progrès et la grâce des élus, l’institution du Sacrement de son Corps et de son Sang fût célébrée une fois par an plus solennellement et plus spécialement que lors de la Cène du Seigneur, quand l’Église est généralement occupée au lavement des pieds et à la mémoire de sa passion. » Julienne, croyant d’abord se dérober, accepta finalement sa mission et se mit à œuvrer pour l’établissement de cette fête. La première personne à qui elle osa parler de son projet fut la Bienheureuse Ève de Liège, recluse de saint-Martin.
Elle mourut le 5 avril 1258 à Fosses-la-Ville, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse (Belgique), et fut inhumée dans l’abbaye cistercienne de Villers-La-Ville. Elle y fut vénérée, aux côtés des cinq bienheureux de cette abbaye, dont Gobert d’Aspremont.
La Fête-Dieu célèbre la présence réelle du Christ dans le Saint-Sacrement de l'Eucharistie.
Ève est une béguine recluse de la principauté de Liège († vers 1265-1266 à l’âge de 60 ans environ) dont on connait peu de chose de sa vie. Elle a été déclarée bienheureuse par l'Église catholique romaine qui la célèbre le 14 mars.
Ève et Julienne reçoivent la visite de l'évêque de Cambrai Guiard de Laon accompagné du nouvel évêque de Liège Robert de Thourotte. C'est probablement sous l'impulsion des deux mystiques que le premier formulaire d'une Messe en l'honneur du Saint Sacrement a été composé en 1246 par Robert de Thourotte.
Après la mort de ce dernier en 1246, Julienne est confrontée à une forte opposition de la bourgeoisie locale, du clergé et du nouveau prince-évêque Henri de Gueldre, méfiants à l'égard du mouvement béguinal tenu par certains pour hérétique. Elle doit s'exiler à Namur puis à Fosse la Ville où elle s'éteint en 1258. Elle n'est donc pas présente quand la fête est rétablie par un légat pontifical, le cardinal Hugues de Saint-Cher, et célébrée pour la première fois à Liège, à Saint-Martin en 1252 où il est probable que Ève, restée à Liège aie été présente.
Ève semble avoir poursuivi la mission de Julienne après la mort de celle-ci : elle est en relation avec Jacques Pantaléon, archidiacre de Liège de 1230 à 1250, qui devient pape sous le nom d'Urbain IV. Ce dernier lui envoie une missive le 8 septembre 1264 pour l'informe de l'institution de la Fête-Dieu par la bulle Transiturus de hoc mundo promulguée le 11 août précédent et dont l'Office a été rédigé par Thomas d'Aquin.
L'histoire de la solennité s'inscrit dans le sillage du débat théologique suscité par l'hérésie de Bérenger de Tours qui niait la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Dans la bulle « transiturus » qui institua la Fête-Dieu, le pape Urbain IV écrit qu' « il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques, qu'on rappelle la présence du Christ dans le très Saint-Sacrement ».