Le sanctuaire de Medjugorje, en Bosnie-Herzégovine, reconnu désormais par le Vatican - Jeudi 19 Septembre 2024
Le Vatican a annoncé jeudi reconnaître le sanctuaire de Medjugorje, en Bosnie-Herzégovine, sans toutefois se prononcer sur les « messages présumés » de la Vierge aux fidèles, qui s'y recueillent par millions depuis plus de 40 ans.
Des pèlerins présents jeudi à Medjugorje ont favorablement accueilli cette annonce.
Dans un document d'une vingtaine de pages approuvé par le pape François, le puissant Dicastère (ministère) pour la doctrine de la foi explique avoir voulu "conclure une histoire longue et complexe relative aux phénomènes spirituels de Medjugorje" qui ont suscité des "opinions divergentes" au sein de la communauté catholique.
Le Vatican y donne finalement son "feu vert à la dévotion et à l'expérience spirituelle" des fidèles à Medjugorje, un village de 2.300 habitants devenu un lieu de pèlerinage très populaire, après que six jeunes ont dit y avoir vu la Vierge en 1981.
Depuis lors, un million de personnes s'y rendent chaque année, dont un certain nombre rapportent les paroles qu'aurait adressées la Vierge Marie, aussi connue comme la "Reine de la paix".
En 2013, le pape François avait semé le trouble parmi les pèlerins en émettant des doutes sur les apparitions de la Vierge à Medjugorje. "La Vierge, disait-il, n'est pas un chef du bureau de poste qui enverrait des messages tous les jours".
Le jugement officiel de l'Église catholique sur ces phénomènes se réfère au non constat de supernaturalitate de la Déclaration de Zadar : « Sur la base des recherches effectuées jusqu'à présent, il n'est pas possible d'affirmer le caractère surnaturel de ces apparitions ou révélations. ».
La reconnaissance du Vatican, explique le document, "n'implique pas un jugement sur la vie morale des présumés voyants". Il ne se prononce pas non plus sur le caractère surnaturel ou non des messages "présumés" de Marie. Mais il ne remet pas en cause la sincérité des fidèles se recueillant sur le site ou se disant témoins d'apparitions et déclarations mariales.
Surtout, le Vatican souligne les vertus du site pour l'Église et la pratique religieuse, ce qu'il appelle "les fruits positifs" de Medjugorje: des visiteurs y découvrent la foi, d'autres la retrouvent ou la fortifient, d'autres encore décident d'embrasser la prêtrise, des couples se réconcilient, etc. L'Église ne constate en outre dans la vie foisonnante du sanctuaire "aucun effet négatif ou risqué".
"La majeure partie des messages a un beau contenu qui peut encourager les fidèles à se convertir et à croître dans la rencontre du Christ, à être des bâtisseurs de paix dans le monde", a justifié le préfet du Dicastère, le cardinal argentin Victor Manuel Fernandez, lors d'une conférence de presse au Vatican.
C'est dans cette optique que le Pape a décidé de confier, le 11 février 2017, à l'archevêque polonais Mgr Henryk Hoser la mission d'envoyé spécial, puis visiteur apostolique du Saint-Siège pour acquérir une connaissance plus approfondie de la situation pastorale à Medjugorje et, «surtout, des besoins des fidèles qui s'y rendent en pèlerinage» afin de «suggérer d'éventuelles initiatives pastorales pour l'avenir». Une mission donc «à caractère exclusivement pastoral».
Le 31 mai 2018, François -sans entrer dans les questions spécifiques liées aux apparitions présumées- a nommé Mgr Hoser visiteur apostolique à caractère spécial pour la paroisse de Medjugorje, pour une durée indéterminée et ad nutum Sanctae Sedis. Une mission toujours «exclusivement pastorale», en continuité avec la mission d'envoyé spécial du Saint-Siège qu'il avait accomplie. «La mission du visiteur apostolique, a annoncé la Salle de presse du Saint-Siège, est d'assurer un accompagnement stable et continu de la communauté paroissiale de Medjugorje et des fidèles qui s'y rendent en pèlerinage et dont les besoins requièrent une attention particulière.
Rencontrer le Christ et sa Mère
Interviewé alors par Vatican News, Mgr Hoser a expliqué que les pèlerins du monde entier viennent à Medjugorje «pour rencontrer le Christ et sa Mère»: «Le chemin marial est le plus sûr et le plus certain» car il mène à Jésus. A Medjugorje, en effet, les fidèles ont «au centre la Sainte Messe, l'adoration du Saint Sacrement, une fréquence massive du Sacrement de Pénitence». Pour l'archevêque, il s'agit d'un véritable culte «christocentrique», vécu dans la proximité de la Vierge Marie, vénérée sous l'appellation de «Reine de la Paix».
Le pape constate dans un livre sur Marie à la fois un « manque de discernement » mais des « fruits spirituels authentiques » à Medjugorje.
Le 12 mai 2019, Mgr Hoser et le nonce apostolique en Bosnie-Herzégovine, Mgr Luigi Pezzuto, annoncent la décision du Pape François d'autoriser les pèlerinages à Medjugorje, afin de mieux encadrer l’important flux de pèlerins, mais le Vatican rappelait alors que cette autorisation ne devait pas être « interprétée comme une authentification des événements connus, qui demandent encore un examen de la part de l’Église ».
Depuis les pèlerinages diocésains et paroissiaux, interdits auparavant, sont autorisés et pourront ainsi être officiellement organisés par les diocèses et les paroisses et ne se dérouleront plus seulement sous une forme «privée», comme l'indiquait jusqu'alors la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Mgr Hoser étant décédé le 13 août 2021- Le 27 novembre 2021, le Pape a nommé Mgr Aldo Cavalli, comme visiteur apostolique, dépendant du Saint-Siège, chargé de la pastorale des pèlerins qui se rendent à Medjugorje pour prier.
Aldo Cavalli, a donc poursuivi le travail entrepris et compte tenu de l'afflux considérable de personnes et des fruits de grâce abondants qui en ont résulté, le visiteur apostolique a plus facilement pu établir de bonnes relations avec les prêtres chargés d'organiser les pèlerinages à Medjugorje, en tant que personnes sûres et bien préparées, en leur offrant des informations et des indications pour pouvoir conduire ces pèlerinages de manière fructueuse».