PREMIERES EMEUTES DANS FORT DE FRANCE
J’étais en train de lire la Net-presse du jour sur la situation aux Antilles, notamment :
"Nous craignons un gros déchaînement de violence cette nuit à Fort-de-France"
LEMONDE.FR | 25.02.09 | 19h17 • Mis à jour le 26.02.09 | 17h35
Depuis la nuit du mardi 24 février, la tension est encore montée d'un cran en Martinique : pillages de boutiques, barrages en flammes, une trentaine d'interpellations par la gendarmerie, le carnaval annulé par crainte de voir la fête dégénérer... Les Martiniquais contactés par LeMonde.fr ont le sentiment que ces violences auraient pu être évitées, "si on n'avait pas laissé pourrir la situation".
Et cet interview m’a interpelé
Savoyard employé dans la grande distribution et qui réside en Martinique avec sa famille
depuis huit ans, le mouvement a pris une toute autre dimension après les violences de la nuit dernière. "Ce qui s'est passé hier n'a fait qu'empirer la situation déjà extrêmement tendue. La peur a gagné les Blancs qui subissent une nouvelle forme de pression. Même les comportements ont changé : ma famille et moi restons cloîtrés à la maison, ma femme ne peut plus sortir seule. J'ai moi-même reçu des menaces, et j'ai été forcé de fermer mon magasin la semaine dernière. J'ai décidé de porter plainte à la gendarmerie : on ne peut pas empêcher les gens de travailler, de vivre leur vie. Depuis hier, toutes les tensions semblent exacerbées." Le plus grave, selon lui, est le non-respect de l'Etat de droit en territoire français : "Les forces de l'ordre veulent à tout prix éviter le conflit, elles interviennent, mais n'agissent pas concrètement. Le plus dramatique dans tout cela est cette sorte de résignation... On a trop peur de l'explosion. La Martinique est en train de se transformer en poudrière, et je suis en train de réfléchir serieusement à rentrer en métropole : je ne pensais pas avoir à dire ça un jour, mais je veux avoir la liberté de vivre ma vie, qu'on me laisse la liberté de faire grève, ou non, je ne veux pas vivre dans ce sentiment de peur et d'impuissance."
Une nouvelle forme de cadre d’emploi : employé- patron ? et l'informateur de préciser : La peur a gagné les Blancs qui subissent une nouvelle forme de pression.
En lisant cela, j’ai craint pour certains bons potes « zoreilles », comme ils sont qualifiés aux Antilles, et l'un de me répondre par mail : Tu n’es pas un peu parano sur les bords ? Crois tu les gens d’ici si différents de ceux de Paris ou d’ailleurs ? Comme partout tu y trouveras de tout, mais nous circulions sans problème jusqu’alors, depuis une semaine, nous ne nous déplaçons plus qu’à pied, mais c’est uniquement parce que nos réservoirs sont soit vides ou presque !
Nos épouses se déplacent seules comme elles le faisaient auparavant, elles sont même allées durant les « jours gras » à une retraite de ressourcement catholique qui se tenait à plus de 30 Km de chez nous et ce sont des copines locales qui les ont véhiculées à cause de notre problème d’essence. Et là selon leurs dires, il y avait de tout confondu : couleur, cadre socioprofessionnel, ethnique, il n’y avait que la langue commune : le français. Les intervenants étaient deux prêtres français, l’un de France résidant dans une communauté en Italie, l’autre natif de la Martinique, mais venant du monastère dominicain de Bordeaux.
Ces quelques éléments donnés t’ont j’espère permis de comprendre que chez les soit disant « français de souche », il y a à prendre et à…..comme partout. Comme dit Domota …il y a de la "pwofitasyon ".
Dis à ton journaliste que son gars est libre de rentrer, personne ne le retient et je crains que personne ne le regrettera, car sa relation avec son entourage ne doit pas être super. Mais il n’a aucune garantie dans son ailleurs natal, de ne pas être confronté à des grèves peut être même plus violentes qu’ici, le monde change et nous allons tous droit dans le mur. D’autre part son standing social risque de chuter, car certains compatriotes qui sont dans les «bizness », il faut l’avouer, sont venus ici pour profiter du climat et faire des « affaires » qui souvent se font sur le dos des locaux avec lesquels ils ne se mêlent pas. Nous, nous habitons où tu sais, chacun dans des quartiers proches excentrés, nos voisins sont des locaux et nos relations avec eux sont toujours celles que tu connais. On continue à se recevoir pour l’apéro, et bien que question bouf’ cela devienne difficile de faire du luxe, cela nous arrive parfois de mettre ce que nous avons en commun pour passer une soirée ensemble, j’avoue un peu moins souvent qu’avant car on essaie de ménager la bouffe afin de la faire durer le plus longtemps possible. Et on attend comme tout le monde que le calme revienne, en espérant pouvoir jouir après coup d’une réelle baisse des prix !
Voyant le pourrissement de la situation, nous savions tous que cela finirait par péter. La jeunesse ici a été et continue de l’être, comme celle d’ailleurs, dés l’enfance gavée d’émissions TV discutables ou prônent la violence et la révolte et maintenant, elle est devenue, surtout la moins encadrée et désœuvrée, trop fan de films d’horreur et de violence et en quelque sorte experte dans des domaines que nous parents et éducateurs nous n’aurions pas souhaité qu’elle le soit.
Nos épouses n’arrêtent pas de dire que c’est parce que nous ne prions pas assez, que les choses s’enveniment. Durant leur retraite d’avant carême, ce point semble avoir été débordé. Je vais voir si elles n’ont pas pris de notes qui pourraient t’être utiles. Pour le moment voici que je puis te transmettre.
Hier, le 24 Février 2009, Fort de France a été le théâtre des premières émeutes.
Il semblerait que les jeunes du quartier ceinturant la ville basse auraient décidé, exaspérés par des négociations qui durent de trop, à mettre la ville sans dessus dessous. Dans l'après mdi, un véhicule équipé de microphones, était passé dans les quartiers pour demander du renfort.
L'objectif était d'assigner à résidence les patrons à la Préfecture tant qu'un accord ne serait pas signé. Mais les choses se sont déroulées autrement. C'est vers 22H30 que les choses se sont animées, gaz lacrymogène, panique des derniers manifestants dans la ville, départ en trombe des dernières marchandes, incendies de poubelles, tout y était. L'entrée des jeunes dans ce conflit change la donne. Les chants et slogans revendicatifs sont maintenant remplacés par des actes de nature violente