Prières au Sacré Coeur des prêtres pendant la Révolution de 1789
1. Prière récitée par les prêtres déportés sous la Terreur en 1793 à Brouage, en Charente Maritime.
O Jésus-Christ, tous vos Saints nous disent que votre Cœur a été ouvert pour tous les hommes ; mais bien des prodiges de miséricorde nous disent qu'il a été spécialement ouvert pour la France. O vous qui, dans votre charité, avez pourvu à tous les besoins à venir, en faisant naître cette dévotion au sein du royaume, n'avez-vous pas voulu lui préparer une ressource assurée dans ses malheurs ; et dans le miracle que vous opérâtes, au commencement de ce siècle, en faveur d'une de nos villes qui recourut à votre Cœur sacré, n'avez-vous pas voulu nous laisser un gage de ce que nous devons en espérer si nous y recourons aussi ? Au milieu du fléau destructeur de la peste dans cette malheureuse cité, son charitable pasteur, ses pieux magistrats, vont se prosterner devant votre Cœur, au nom de toute la ville, en lui vouant un culte solennel, et aussitôt la contagion disparaît. O mon Sauveur, en feriez-vous moins pour nous ? Les tristes effets de la contagion de l'impiété et du libertinage subsisteraient-ils encore après que nous aurions réclamé la bonté infinie de votre Cœur divin ? Ah ! quand nous disons à un homme comme nous que nous comptons sur la bonté de son cœur, il ne saurait rien nous refuser. Et qu'est-ce, ô mon Sauveur, que le Cœur de l'homme le meilleur et le plus compatissant, auprès de votre Cœur ? Et nous ne nous confierions pas à la bonté de votre Cœur ! Et nous douterions que de ce Cœur d'où sont sortis tant de miracles de charité, i1 en sortît encore un aujourd'hui pour nous ! Oh ! non, nous n'en douterons pas... O Jésus-Christ, notre aimable Sauveur, nous nous souviendrons que votre Cœur est le sanctuaire de votre miséricorde et la source de tous les biens. Nous implorons avec la plus tendre confiance, son immense charité pour nous. Nous nous vouerons, nous nous vouons, dès ce moment, au culte de votre adorable Cœur ; tous les cœurs de ce royaume, nous les réunissons par les désirs de la charité, pour les lui offrir tous ensemble. Oui, Cœur de Jésus, nous vous offrons notre patrie tout entière et les cœurs de tous ses enfants.
O Vierge sainte, ils sont maintenant entre vos mains ; nous vous les avons remis en nous consacrant à vous, comme à notre protectrice et à notre Mère. Aujourd'hui nous vous en supplions, offrez-les, offrez-les au Cœur de Jésus. Ah ! présentés par vous, il les recevra ; il leur pardonnera, il les bénira, il les sanctifiera, il les sauvera, et il sauvera la France tout entière ; il lui rendra la paix, il y fera revivre la foi, la piété et les mœurs ; il y fera refleurir la sainte religion. Ainsi soit-il.
Manseau, Les prêtres et religieux déportés sur les côtes et dans les îles de la Charente inférieure sous la Terreur, t.I, chap.XV.
2. Prières récitées par les prêtres déportés sous le Directoire en 1800 à l'île de Ré.
Elles figuraient toutes deux sur la feuille d'agrégation de l'Association du Sacré-Cœur de l'île de Ré, et portaient ce titre : "Prière journalière de l'Association formée entre les prêtres déportés à l'île de Ré, le 2 février 1800."
Au Sacré-Cœur de Jésus. O Cœur adorable de Jésus ! Soyez l'unique objet de mon amour, le terme de tous mes désirs, le centre de mon cœur ; soyez ma paix et ma tranquillité à l'heure de ma mort, ma joie et ma béatitude dans l'éternité. O Cœur aimable ! soyez connu, aimé et exalté jusqu'aux extrémités de la terre ; comblez de grâces et de bénédictions ceux qui vous aimeront et vous invoqueront ; accordez à ceux et à celles de cette sainte association, les grâces qu'ils vous demandent ou devraient vous demander, et que leur séjour soit pour l'éternité dans ce sanctuaire adorable. Ainsi soiti1.
Au Sacré-Cœur de Jésus. Cœur adorable de mon Sauveur, sanctuaire de la charité et de la miséricorde, source de toutes les grâces et de toutes les vertus, je me consacre entièrement à vous ; je veux vous louer, vous bénir, vous adorer tous les jours de ma vie, et vous aimer s'il était possible autant que vous êtes aimable. Pénétré des sentiments de la plus profonde humilité, je me propose d'avoir recours à vous dans tous les besoins de mon âme, dans toutes mes tentations, dans tous les dangers auxquels je pourrai être exposé, de vivre dans la plus intime union de mon Cœur avec le vôtre ; d'y renfermer, d'y fondre, d'y perdre le mien afin qu'il devienne une même chose avec le vôtre, et qu'il brûle du même feu. Vous nous avez promis, mon Sauveur, que vous aimeriez ceux qui vous aiment : Ego diligentes me diligo : que cette promesse s'accomplisse sur moi, sur tous les membres de cette association, sur tous les fidèles qui honorent votre Sacré-Cœur par un amour sincère et qui s'efforcent de mériter par leurs hommages de ressentir les effets du vôtre. Qu'elle soit pour eux et pour moi le gage d'une sainte vie, d'une mort précieuse à vos yeux, et de la glorieuse immortalité.
Et vous, O Cœur de Marie ! après le Cœur de Jésus, le plus aimable, le plus compatissant de tous les cœurs, présentez au Cœur de votre Fils, notre consécration, nos résolutions, notre amour. Il s'attendrira sur nos malheurs, il nous en délivrera, et après avoir été notre protectrice sur la terre, vous serez notre reine dans les cieux. Ainsi soit-il.
Manseau, Les prêtres et les religieux déportés sur les côtes et dans les îles de la Charente inférieure sous le Directoire, t.II, chap.XXI.
Note du blogueur : N'oublions pas que le Seigneur nous recommande continuellement de prier pour ses ministres et qu'il y en va de notre responsabilité de chrétien d'obéir aux consignes divines.