Carême 2012 - 25 Février 2012
Pas N°2
L’Eglise est entrée dans le temps liturgique du Carême où Jésus s’est retiré au désert pendant quarante jours. Quarante jours d’attente avant de vivre la joie de Pâques. Le Carême, a débuté cette année le 22 février 2012 par le mercredi des Cendres (cf. à ce propos : Le feu et la cendre…Et laisser l’esprit du christ nous refaçonner. et Bientôt l'entrée en carême, mais le carême, c’est quoi ? ). La fête de Pâques sera célébrée le 8 avril 2012.
Cette année je vous propose de partir à travers le désert à la suite de Mon Seigneur et Mon Dieu à la recherche de l’eau de Vie qu’Il a déversé (et continue à le faire chaque jour) sur nous à condition que nous acceptions humblement de nous agenouiller là où Il nous attends patiemment : Sous Sa Croix.
Pour L'Éternité
Dans ce périple nous ne serons pas seuls puisque Notre Sainte Mère nous y accompagnera.
Thème du cheminement pascal proposé par le pape Benoît XVI aux chrétiens pour le carême 2012 ?
MESSAGE DE SA SAINTETÉ
BENOÎT XVI
POUR LE CARÊME 2012
«Faisons attention les uns aux autres
pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes»
(He 10, 24)
Voici ce que nous dit sa Sainteté le Pape :
« Le Carême nous offre encore une fois l’opportunité de réfléchir sur ce qui est au cœur de la vie chrétienne : la charité.
Il nous précise que : Le Carême est un temps favorable pour renouveler, à l’aide de la Parole de Dieu et des Sacrements, notre itinéraire de foi, aussi bien personnel que communautaire. C’est un cheminement marqué par la prière et le partage, par le silence et le jeûne, dans l’attente de vivre la joie pascale.
Et il y en a à prétendre que notre Pape n’est pas un chef de file, un élément incontournable que Dieu nous donne sur notre route vers Lui.
J’avoue que je ne m’étais pas jusqu’alors préoccupé, à tord, des orientations données par notre Pape. Mais là je comprends pourquoi tout en ayant un certain nombre de réflexions à partager avec vous je ne parvenais pas encore à ressentir comment les structurer.
Là je commence à comprendre que le Seigneur attendait que je m’en préoccupe, car quoi que je ne sache pas plus du reste de la lettre encyclique, d’emblée le premier mot mis en gras par moi : la charité, m’a sauté aux yeux.
C’est un élément central de ce que j’ai, juste une semaine avant l’entrée dans le Carême, confessé représenter une difficulté pour moi. Alors que je ressentais fort que le Seigneur me demandait de m’y atteler car constituant un frein à mon évolution spirituelle.
Pour bien faire comprendre au confesseur ce que j’avais en tête, je lui ai donné un exemple patent où socialement mon comportement, vis-à-vis d’une personne à l’odeur repoussante, peut être jugé correct, même légèrement au-dessus de la norme alors que tel n’est pas le cas avec les yeux du Seigneur.
Certes quand elle arrive je ne déserte pas les lieux comme le font un grand nombre, quoi que fortement incommodé par l’odeur nauséabonde qu’elle dégage. À l’occasion il m’est même arrivé de la prendre en stop, pas de gaîté de cœur je l’avoue.
Il est même arrivé qu’une fois, elle se soit attablée et que les gens qui étaient déjà sur la table se sont tous levés sitôt qu’elle se soit assise pour aller s’installer plus loin. N’étant pas très loin, je m’en suis rendu compte, et témoin de son désarroi et de son chagrin car elle pleurait, avant de m’en aller, j’ai été lui dire bonjour et j’en ai profité pour essayer de lui faire comprendre, discrètement, que ce n’est pas elle que fuient les gens, mais l’odeur qui a mon sens provient d’un chemisier qu’elle affectionne probablement et s’évertue à mettre quasiment tous les jours sans nettoyage.
L’ayant fait avec tac, elle m’a remercié et tout content j’étais, d’autant que quelques jours après je l’ai vue arborant un nouveau haut de qualité. Ce qui m’a confirmé qu’à la base il ne s’agit pas d’une « pauvre » pécuniairement mais d’une « pauvre » humainement parlant.
Là aurait pu se terminer mon histoire où je me serai senti stoïque, l’ego vous savez à vite fait de nous faire croire que nous sommes tout sauf minable !…Sauf que dès que le temps s’est mis à ne plus être beau, ne la voilà t’il pas à revêtir son vieux vêtement puant et me faire même remarquer : Vous avez vu comment il peut ? Heureusement que j’avais mon vieux chemisier !
Je pensais qu’elle l’avais mis à la poubelle, car même s’il a le logo : Nike, c’est une pourriture que tout être sensé s’en débarrasserait.
La moutarde m’est monté au nez, mais ne lui ai rien dit…nonobstant quand peu après je l’ai vue sur la route, je ne me suis pas arrêté, estimant ne pas avoir à me voir imposer cette odeur dans mon véhicule, d’autant qu’une fois sortie du véhicule, son odeur puante imprègne le siège qui demeure pendant un certain temps malodorant !
Tandis que j’expliquais cela au prêtre, lui était assez goguenard. Manifestement il attendait la conclusion de mon dilemme. D’autant que je lui dis : Au vu de l’étiquette du magasin, cette dame a acheté un vêtement de remplacement qui a du lui coûté plus de 300 € (Vous avez bien lu, je n’ai pas mis un zéro en trop !). Pourquoi n’a-t-elle pas été dans un prêt à porter où pour ce prix là, elle aurait pu s’en acheter plusieurs à moindre prix ?
Et je continue mon réquisitoire : elle est pourtant malheureuse puisque cela fait plus de 6 mois que cela dure !
Le vide s’est fait autour d’elle, et seuls ceux qui ignorent ce problème se mettent au environ de la table qu’elle a l’habitude d’occuper.
Je ne sais pas quoi faire et elle m’exaspère même. Cela fait des années que je la vois et à force, je m’en préoccupe car elle est maintenant très âgée et manifestement isolée. Mais les conseils qu’on peut lui donner ne servent à rien, elle est plus têtue qu’une mule à part quand ce que vous voyez venir lui arrive, il faut en plus la consoler !
Il y a une semaine, elle est arrivée en nage car il pleuvait, elle avait comme toujours son chemisier puant, je l’ai juste regardée à titre de bonjour et feint ne pas m’en préoccuper. Sauf que j’ai bien vu que l’eau dégoulinait d’elle, aussi au moment de m’en aller, je lui ai dit : allez, venez, je vous dépose près de chez vous. Elle m’a dit de ne pas me casser la tête qu’elle s’en irait tard.
Fermement je lui ai dit : écoutez, je suis pressé, aussi dépêchez-vous, vous êtes trempée et ne pouvez rester ainsi, vous allez tomber malade.
Là elle m’a suivie.
J’enrageais contre moi car me venait à l’esprit que la voiture allait être intérieurement arrosée de son odeur.
Arrivée près de chez elle, en descendant elle m’a remercié en me disant que Dieu me le rendrait, et moi un peu agacé, je lui ai rétorqué qu’en attendant elle pouvait déjà rendre service à tous en mettant ce chemisier puant à la poubelle et qu’elle verrait que les gens rechigneraient moins à la véhiculer.
Elle est partie sans rien dire, et le lendemain elle était là avec… de nouveau son chemisier puant et son sourire d’enfant aux lèvres !
Et j’ai dit au prêtre qu’intérieurement je m’en voulais car me sentais incapable de dépasser l’inconfort de la situation. Certes je parvenais à rester à distance assez respectable d’elle, à accepter qu’elle s’approche de moi pour me demander quelque chose ; Mais rien qu’à l’odeur, je savais quand elle arrivait si elle avait ce chemisier litigieux.
Fort de savoir que ce n’est pas une question d’argent, son comportement démontre plus qu’elle n’a personne pour lui témoigner suffisamment d’amour afin de lui donner envie de vouloir être agréable à cet autre et donc à tous autres que nous sommes. Aussi elle s’enferre dans une attitude qui l’isole encore plus. Et moi le Chrétien soit disant « aimant Dieu », je butte dessus, tout en ressentant que dans cette histoire qu’il ne s’agit pas d’elle, mais de moi que Dieu interpelle sur mon incapacité à aimer l’autre qui détone de ce que mes convenances m’appellent à agréer.
Et que j’en ai eu confirmation quand à la Messe au moment de mon recueillement post Communion, j’ai eu dans le cœur en flash l’image de sœur Thérésa et une interpellation me faisant comprendre que Dieu se trouve en tout individu et celui qui dit aimer Dieu et ne parvient pas à dépasser le travers de son frère est un menteur.
Dieu à donner Sa vie pour nous et moi je me découvre incapable de donner à cette femme l’étincelle d’amour que Dieu lui destine, parce qu’elle pue ! C’est mon propre intérieur qui est puant de suffisance et d’insuffisance à aimer.
Nul ne peut aimer Dieu s’il n’aime pas son frère qu’il côtoie. Dieu ne nous demande pas d’aller sur les routes embrasser tous les SDF qui s’y trouvent ! Non Dieu nous demande simplement d’être capables de pouvoir serrer un être pouilleux, selon nos convenances, à l’occasion dans nos bras si les circonstances nous amènent à percevoir que cette chaleur humaine à ce moment donné est primordiale, voire vitale pour l’autre.
Mon curé m’a dit : Hé oui c’est pas facile, à vous maintenant de tendre vers, et priez pour qu’en ce Carême que chacun de nous prenions conscience de notre incapacité à aimer. La partie finale de sa remarque étant la pénitence qu’il m’a infligée.
En vous faisant part j’y contribue partiellement et dois vous avouer ne pas être pour autant parvenu à maîtriser mon ressenti d’autant que j’étais en retraite spirituelle. Mais je sais que ce n’est pas d’elle que je dois me préoccuper, mais je dois travailler ma capacité à recevoir et à accepter l’autre tant dans son état de grâce que de disgrâce. Car Dieu est Amour et il faut que ceux qui l’aiment l’adorent en esprit et en vérité ; or Dieu veut que nous le cherchions et l’aimions en l’autre pour que nous soyons tous les uns envers les autres les bras aimants que Dieu met sur nos routes.
Je tiens cependant à vous rassurer car quoi que se fusse long à écrire, notre échange a été l’une des plus courtes confessions de la séance car je m’était confessé il y avait une semaine et n’y revenais que parce qu’entre temps j’avais pris conscience de ma « pauvreté » en charité. Priez donc pour moi afin que je parvienne à la circonscrire.
Sur ce je continue avec vous à prendre connaissance le lettre de notre Saint Père :
« Cette année, je désire proposer quelques réflexions à la lumière d’un bref texte biblique tiré de la Lettre aux Hébreux : « Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes » (10, 24). Cette phrase fait partie d’une péricope dans laquelle l’écrivain sacré exhorte à faire confiance à Jésus Christ comme Grand prêtre qui nous a obtenu le pardon et l’accès à Dieu. Le fruit de notre accueil du Christ est une vie selon les trois vertus théologales : il s’agit de nous approcher du Seigneur « avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi » (v. 22), de garder indéfectible « la confession de l’espérance » (v. 23) en faisant constamment attention à exercer avec nos frères « la charité et les œuvres bonnes » (v. 24). Pour étayer cette conduite évangélique – est-il également affirmé -, il est important de participer aux rencontres liturgiques et de prière de la communauté, en tenant compte du but eschatologique : la pleine communion en Dieu (v. 25). Je m’arrête sur le verset 24 qui, en quelques mots, offre un enseignement précieux et toujours actuel sur trois aspects de la vie chrétienne: l’attention à l’autre, la réciprocité et la sainteté personnelle.
1. « Faisons attention » : la responsabilité envers le frère.
Le premier élément est l’invitation à « faire attention » : le verbe grec utilisé est katanoein, qui signifie bien observer, être attentifs, regarder en étant conscient, se rendre compte d’une réalité. Nous le trouvons dans l’Évangile, lorsque Jésus invite les disciples à « observer » les oiseaux du ciel qui, bien qu’ils ne s’inquiètent pas, sont l’objet de l’empressement et de l’attention de la Providence divine (cf. Lc 12, 24), et à « se rendre compte » de la poutre qui se trouve dans leur œil avant de regarder la paille dans l’œil de leur frère (cf. Lc 6, 41). Nous trouvons aussi cet élément dans un autre passage de la même Lettre aux Hébreux, comme invitation à « prêter attention à Jésus » (3, 1), l’apôtre et le grand prêtre de notre foi. Ensuite, le verbe qui ouvre notre exhortation invite à fixer le regard sur l’autre, tout d’abord sur Jésus, et à être attentifs les uns envers les autres, à ne pas se montrer étrangers, indifférents au destin des frères. Souvent, au contraire, l’attitude inverse prédomine : l’indifférence, le désintérêt qui naissent de l’égoïsme dissimulé derrière une apparence de respect pour la « sphère privée ». Aujourd’hui aussi, la voix du Seigneur résonne avec force, appelant chacun de nous à prendre soin de l’autre. Aujourd’hui aussi, Dieu nous demande d’être les « gardiens » de nos frères (cf. Gn 4, 9), d’instaurer des relations caractérisées par un empressement réciproque, par une attention au bien de l’autre et à tout son bien. Le grand commandement de l’amour du prochain exige et sollicite d’être conscients d’avoir une responsabilité envers celui qui, comme moi, est une créature et un enfant de Dieu : le fait d’être frères en humanité et, dans bien des cas, aussi dans la foi, doit nous amener à voir dans l’autre un véritable alter ego, aimé infiniment par le Seigneur. Si nous cultivons ce regard de fraternité, la solidarité, la justice ainsi que la miséricorde et la compassion jailliront naturellement de notre cœur. Le Serviteur de Dieu Paul VI affirmait qu’aujourd’hui le monde souffre surtout d’un manque de fraternité : « Le monde est malade. Son mal réside moins dans la stérilisation des ressources ou dans leur accaparement par quelques-uns, que dans le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples » (Lett. enc. Populorum progressio [26 mars 1967], n. 66).
Nous poursuivrons la lecture de cette lettre qui vu sa richesse mérite d’être lue en lui accordant toute l’attention qu’elle mérite. Et je constate que ce partage avec vous, encore une fois, n’était pas anodin car tout ce que je découvre de cette lettre correspond bien à mon vécu.