Carême 2012 - Dimanche 26 Février 2012
Pas N°3
Thème du cheminement pascal proposé par le pape Benoît XVI aux chrétiens pour le carême 2012 ?
MESSAGE DE SA SAINTETÉ
BENOÎT XVI
POUR LE CARÊME 2012
«Faisons attention les uns aux autres
pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes»
(He 10, 24)
Voici ce que nous dit sa Sainteté le Pape :
« Le Carême nous offre encore une fois l’opportunité de réfléchir sur ce qui est au cœur de la vie chrétienne : la charité.
Et il nous détaille ce que renferme ce mot
L’attention à l’autre comporte que l’on désire pour lui ou pour elle le bien, sous tous ses aspects : physique, moral et spirituel.
La culture contemporaine semble avoir perdu le sens du bien et du mal, tandis qu’il est nécessaire de répéter avec force que le bien existe et triomphe, parce que Dieu est « le bon, le bienfaisant » (Ps 119, 68).
Le bien est ce qui suscite, protège et promeut la vie, la fraternité et la communion.
Donc tout ce qui est contraire va à l’encontre des Commandements de Dieu et nous dirige sur un chemin qui altère notre capacité à bien choisir.
Mais inutile de vouloir prétendre en être victime.
Nul ne peut ignorer la Loi !
Comment se dire Chrétiens et ignorer les Commandements de Dieu ?
À ceux qui espèrent pouvoir se prévaloir d’une telle ignorance, je leur conseille de lire le témoignage de Gloria Polo.
En effet si nous postulons à un emploi, nous ferons tout ce qu’il faut pour nous documenter sur ce que pourra attendre et prétendre de nos compétences notre éventuel employeur et là en ce qui concerne notre Éternité, rideau ?
Ne percevons-nous pas que notre inertie, notre désintérêt frisent l’inconscience, l’outrecuidance et l’aveuglement ?
Croyez-vous que notre attitude soit normale ?
Non ! Mais sociétalement parlant nous avons donné à des institutions de droit de réfléchir à notre place.
Nous les avons doté de tout pouvoir pour mettre sur pied ce qui est conforme à « l’intérêt du plus grand nombre », mais nous avons oublié de définir avec eux de quel intérêt il s’agit et en quoi consiste le plus grand nombre.
Et depuis des siècles nous subissons l’imposition d’une certaine façon de penser, de voir, d’être qui progressivement nous est inoculée, à un point tel que nous ne sommes plus que des biens de consommation que l’on suscite à temps et à contre temps au moyen de médias qui ne sont plus que des instruments d’une propagande universaliste, unitaire.
Quoi que ne disposant pas de TV, je suis surpris de constater en lisant les news, que les actualités sont diffusées selon un principe monocorde. Si bien que je suis étonné d’entendre que des journalistes se font encore tués en allant « couvrir » un sujet d’actualité. Je me demande finalement à quoi sert ce dévouement puisqu’en fin de compte, ne parviendra aux lecteurs que le même exposé monocorde quel que soit la soit disant « orientation » d’esprit du média concerné.
Le récit de la tragédie d’un chien écrasé en allant chercher le pain, sera relayé selon le même angle de vue que l’on soit en chine en Espagne, aux USA, ou en France, bizarre tout de même notre uniformité de pensée ! Et nous ne sommes pas encore pucés !!!
La responsabilité envers le prochain signifie alors vouloir et faire le bien de l’autre, désirant qu’il s’ouvre lui aussi à la logique du bien ; s’intéresser au frère veut dire ouvrir les yeux sur ses nécessités.
L’Écriture Sainte met en garde contre le danger d’avoir le cœur endurci par une sorte d’« anesthésie spirituelle » qui rend aveugles aux souffrances des autres. L’évangéliste Luc rapporte deux paraboles de Jésus dans lesquelles sont indiqués deux exemples de cette situation qui peut se créer dans le cœur de l’homme. Dans celle du bon Samaritain, le prêtre et le lévite « passent outre », avec indifférence, devant l’homme dépouillé et roué de coups par les brigands (cf. Lc 10, 30-32), et dans la parabole du mauvais riche, cet homme repu de biens ne s’aperçoit pas de la condition du pauvre Lazare qui meurt de faim devant sa porte (cf. Lc 16, 19).
Dans les deux cas, nous avons à faire au contraire du « prêter attention », du regarder avec amour et compassion. Qu’est-ce qui empêche ce regard humain et affectueux envers le frère ? Ce sont souvent la richesse matérielle et la satiété, mais c’est aussi le fait de faire passer avant tout nos intérêts et nos préoccupations personnels.
Jamais, nous ne devons nous montrer incapables de « faire preuve de miséricorde » à l’égard de celui qui souffre ; jamais notre cœur ne doit être pris par nos propres intérêts et par nos problèmes au point d’être sourds au cri du pauvre.
À l’inverse, c’est l’humilité de cœur et l’expérience personnelle de la souffrance qui peuvent se révéler source d’un éveil intérieur à la compassion et à l’empathie : « Le juste connaît la cause des faibles, le méchant n’a pas l’intelligence de la connaître » (Pr 29, 7).
Nous comprenons ainsi la béatitude de « ceux qui sont affligés » (Mt 5, 4), c’est-à-dire de ceux qui sont en mesure de sortir d’eux-mêmes pour se laisser apitoyer par la souffrance des autres. Rencontrer l’autre et ouvrir son cœur à ce dont il a besoin sont une occasion de salut et de béatitude.
« Prêter attention » au frère comporte aussi la sollicitude pour son bien spirituel. Je désire rappeler ici un aspect de la vie chrétienne qui me semble être tombé en désuétude : la correction fraternelle en vue du salut éternel. En général, aujourd’hui, on est très sensible au thème des soins et de la charité à prodiguer pour le bien physique et matériel des autres, mais on ne parle pour ainsi dire pas de notre responsabilité spirituelle envers les frères. Il n’en est pas ainsi dans l’Église des premiers temps, ni dans les communautés vraiment mûres dans leur foi, où on se soucie non seulement de la santé corporelle du frère, mais aussi de celle de son âme en vue de son destin ultime.
Dans l’Écriture Sainte, nous lisons : « Reprends le sage, il t'aimera. Donne au sage : il deviendra plus sage encore ; instruis le juste, il accroîtra son acquis » (Pr 9, 8s). Le Christ lui-même nous commande de reprendre le frère qui commet un péché (cf. Mt 18, 15). Le verbe utilisé pour définir la correction fraternelle – elenchein – est le même que celui qui indique la mission prophétique de la dénonciation propre aux chrétiens envers une génération qui s’adonne au mal (cf. Ep 5, 11).
La tradition de l’Église a compté parmi les œuvres de miséricorde spirituelle celle d’« admonester les pécheurs ». Il est important de récupérer cette dimension de la charité chrétienne. Il ne faut pas se taire face au mal.
Je pense ici à l’attitude de ces chrétiens qui, par respect humain ou par simple commodité, s’adaptent à la mentalité commune au lieu de mettre en garde leurs frères contre des manières de penser et d’agir qui sont contraires à la vérité, et ne suivent pas le chemin du bien. Toutefois le reproche chrétien n’est jamais fait dans un esprit de condamnation ou de récrimination. Il est toujours animé par l’amour et par la miséricorde et il naît de la véritable sollicitude pour le bien du frère.
L’apôtre Paul affirme : « Dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien, toi aussi être tenté » (Ga 6, 1).
Dans notre monde imprégné d’individualisme, il est nécessaire de redécouvrir l’importance de la correction fraternelle, pour marcher ensemble vers la sainteté.
Même « le juste tombe sept fois » (Pr 24, 16) dit l’Écriture, et nous sommes tous faibles et imparfaits (cf.1 Jn 1, 8). Il est donc très utile d’aider et de se laisser aider à jeter un regard vrai sur soi-même pour améliorer sa propre vie et marcher avec plus de rectitude sur la voie du Seigneur.
Nous avons toujours besoin d’un regard qui aime et corrige, qui connaît et reconnaît, qui discerne et pardonne (cf. Lc 22, 61), comme Dieu l’a fait et le fait avec chacun de nous.
Là s’arrêtera notre troisième pas, à nous de réfléchir à tout ce que vient de nous remettre en mémoire notre chef de file spirituel.