Carême 2013 – PAS N°9 - 10 : Connaître notre DIEU ? – N°4
LE DESERT
Le désert doit nous aider à concevoir que nous ne pouvons pas Connaître notre DIEU, L’aimer, Le craindre, Le servir, Le louer en toutes Ses œuvres, si nous ne L’accueillons pas en nos frères… la réflexion devant s’ouvrir à l’action !
En Jésus nous est révélé le mystère, le plan secret de Dieu. En lui tous les peuples sont appelés à former un seul corps. Et dans sa mission Jésus apparaît comme l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes
Ce plan mystérieux se développe à partir d’Israël
Car je ne veux pas, frères, vous laisser ignorer ce mystère, de peur que vous ne vous complaisiez en votre sagesse : une partie d'Israël s'est endurcie jusqu'à ce que soit entrée la totalité des païens, (Rm 11,25)
...et s’étend à tout l’univers
Dieu a bien voulu leur faire connaître de quelle gloire est riche ce mystère chez les païens : c'est le Christ parmi vous ! l'espérance de la gloire ! (Col 1,27).
Il exige une réconciliation universelle dans un monde divisé par nature, par les préjugés et les péchés
Car c'est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine,15 cette Loi des préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau, faire la paix,16 et les réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul Corps, par la Croix : en sa personne il a tué la Haine. (Ep 2,14-16) ;
Dans sa mission Jésus apparaît comme l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes
Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, (1Tm 2,5) ;
Voilà pourquoi il est médiateur d'une nouvelle alliance, afin que, sa mort ayant eu lieu pour racheter les transgressions de la première alliance, ceux qui sont appelés reçoivent l'héritage éternel promis. (He 9,15) ;
…de Jésus médiateur d'une alliance nouvelle, et d'un sang purificateur plus éloquent que celui d'Abel. (He 12,24),
...le seul qui puisse intercéder pour eux
En conséquence, il a dû devenir en tout semblable à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu un grand prêtre miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple.18 Car du fait qu'il a lui-même souffert par l'épreuve, il est capable de venir en aide à ceux qui sont éprouvés. (He 2,17-18) ;
Car nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché.16 Avançons-nous donc avec assurance vers le trône de la grâce afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour une aide opportune. (He 4,15-16)
...et leur obtenir les bienfaits de la Nouvelle Alliance
Que Dieu l'ait ressuscité des morts et qu'il ne doive plus retourner à la corruption, c'est bien ce qu'il avait déclaré : Je vous donnerai les choses saintes de David, celles qui sont dignes de foi. (Ac 13,34) ;
Le Christ, lui, survenu comme grand prêtre des biens à venir, traversant la tente plus grande et plus parfaite qui n'est pas faite de main d'homme, c'est-à-dire qui n'est pas de cette création, (He 9,11) ;
…par cette voie qu'il a inaugurée pour nous, récente et vivante, à travers le voile - c'est-à-dire sa chair --, (He10,20).
Notre obtention des bienfaits de la Nouvelle Alliance, notre Salut, donc notre introduction dans la nouvelle création, n’est point le résultat de nos mérites personnelles. Cela ne découle que de l’Amour du Père qui nous a aimés le premier et qui nous pardonne.
Amour, que nous sommes entièrement libres de vouloir en bénéficier, ou de le refuser.
Mais si nous le voulons, nous devons le manifester de façon explicite afin que Dieu nous transforme et nous divinise, puisque « rien de souillé n’y pénétrera », or nous le sommes tous à cause du péché.
Cependant en raison de Sa Miséricorde infini, Dieu va jusqu’à permettre que la demande en notre faveur soit introduite auprès de Lui par des tiers, connus ou non de nous. C’est le principe de la Communion des Saints. Ainsi notre intercession pour nos frères, permet qu’en dépit de leur aveuglement et endurcissement de cœur qu’ils puissent obtenir la grâce de voir leurs écailles tomber de leur yeux spirituels et ainsi de pouvoir librement faire leur choix d’accepter ou de refuser l’Amour offert et ses corollaires.
Ainsi nous ne pouvons pas prétendre fermer nos yeux au devenir du plus grand nombre et croire qu’ainsi nous sommes en mesure de bénéficier de s mérites de Notre Seigneur qui nous a donné en ce sens un Commandement nouveau que Lui-Même a accompli pleinement durant Sa vie terrestre.
C’est la raison pour laquelle Notre Seigneur est venu dans le monde. Il a pris intégralement notre condition humaine, hormis le péché auquel Il a été confronté comme tout homme, mais Il l’a vaillamment combattu et en est sorti vainqueur.
Par Lui et en Lui si nous adhérons au Plan du Père, nous obtenons le Salut, comme Il l’a voulu de toute éternité.
Notre Salut passe donc par la FOI.
D’où la nécessité quasi vitale de nous interroger sur notre foi et de vouloir tout faire pour qu'elle puisse avec la grâce de Dieu être épurée.
Cette épuration si elle est individuelle est tout autant collégiale ainsi que L’a désiré le Père et que le Fils nous l’a bien fait comprendre :
Je vous laisse un commandement unique :
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34).
Et là je ne puis conclure sans partager avec vous ce très beau texte de fr. NB Virlet o.p. *
Nous sommes par l’évangile de ce jour, avec les apôtres auprès de Jésus, au soir de la Passion, au cours du dernier repas, juste après le geste stupéfiant du Lavement des pieds. Par ce geste, il a pleinement révélé l’âme de tous les autres gestes de sa vie, il a récapitulé tous les autres, préfigurant le don plénier sur la Croix. Puis, par une parole de béatitude - "sachant cela, heureux serez-vous si vous le faites » (Jn 13,17) - il donne l’âme des béatitudes, qui informe toutes les autres qu’il a proclamées au premier jour. Par le commandement nouveau qu’il confie à ses disciples, il nous livre le commandement qui est l’âme de toute la Loi, qu’il avait longuement expliqué au premier jour et tout au long de sa vie publique : cet unique ordre impératif que Jésus donne à ses apôtres, cette ordonnance incontournable qu’il délivre à ses amis du dernier soir, récapitulant ainsi toute la Loi ancienne. Jésus ne nous dit pas : « Aimez les autres ». Il ne nous dit pas seulement : "Aimez-vous les uns les autres". Il nous dit : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 13,34).
Cela veut dire que la seule source de l’Amour, de cet amour, c’est lui-même. Rocher spirituel auquel s’abreuve l’Église. Et que le canal de cet amour jusqu’à nous sera, entre autres, la contemplation de la manière dont il nous aime pour aimer de l’Amour dont il nous aime. * L’Amour que Dieu nous porte depuis la création du monde est totalement et pleinement gratuit. Comme le dit la préface : « nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi" : notre amour de Dieu n’ajoute rien à ce que Dieu est, mais nous fait vivre de la vie et de l’amour même de Dieu. C’est par pure gratuité que Dieu nous a créés, nous a donné la vie, et nous recrée en nous donnant sa vie, en son Fils dans l’Esprit : c’est ainsi, et de nulle autre manière, que le Seigneur nous appelle à nous aimer les uns les autres comme il nous a aimes, dans le désintéressement le plus grand qu’il nous soit possible par sa grâce. Aimer nos frères pour eux-mêmes, et non pour nous-mêmes, comme Dieu nous aime non pour lui-même, mais pour nous-mêmes. Certes notre amour n’aura jamais la pureté de l’Amour de Dieu lui-même : en cela Dieu est inimitable ; mais il doit y tendre par la bienheureuse complicité de la grâce de Dieu et de notre volonté, qui essaye d’y répondre. * Un second trait de cet Amour auquel le Christ nous appelle, nous invite paradoxalement à nous laisser aimer par les autres autant qu’à aimer les autres. à être serviable, certes, mais aussi servable : celui qui refuse de se laisser servir, de se laisser aimer, c’est celui qui finalement refuse toute communion, qui comprend, entre autres, le fait d’être redevable, c’est-à-dire, lié à l’autre. Des religieuses travaillant auprès des plus démunis, demandent à ceux qu’elles servent, même malades, de les aider à servir ceux qui sont les plus malades, les plus pauvres : elles invitent les servables à être serviables et les serviables à être servables. Certes, l’amour véritable n’oblige pas, mais il invite avec fidélité : il n’attend rien en retour, mais accepte la réponse lorsqu’elle vient. Jésus n’a pas dit. : « Lavez les pieds des autres", "aimez le autres", mais « lavez-vous les pieds les uns les autres", "aimez-vous le uns les autres comme je vous ai montré l’exemple" (Jn. 13,14) : en aimant mon Père et me laissant aimer par lui, et en vous aimant.
- Le commandement que Jésus nous laisse, il nous le dit lui-même, est nouveau. Car cet Amour auquel il nous appelle, est nouveau, non pour lui - de son côté - mais pour nous - de notre côté - : inconnu de nous, non encore pleinement révélé. "Comme je vous ai aimés" : Le Fils de Dieu, se faisant l’un de nous - en tout semblable à nous, excepté le péché (He 4,15) -, et le plus petit de nous, lui, l’Innocent, donnant, par pur amour, sa vie, pour les pécheurs que nous sommes, puis, ressuscité - premier-né -d’entre les morts. Oui, la Bonne Nouvelle, cet amour jusqu’à l’extrême, ce commandement de l’Amour qui l’habite, est radicalement et totalement nouveau, dépassant l’espérance des hommes : inespéré. "Ce dont nous parlons au contraire, c est d’une sagesse de Dieu mystérieuse, demeurée cachée, celle que, dès avant les siècles, Dieu a destinée pour notre gloire... nous annonçons... ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment" (1 Co 2,7,9). Ce n’est plus coup pour coup, "vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, blessure pour blessure" (Ex 21,23-25), mais « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent" (Mt 5,44), "Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent" (Lc 6,27) ; si moi, l’Innocent, j’ai donné ma vie pour vous, pécheurs, combien plus, vous, pécheurs, vous devez donner votre vie pour le juste, l’Innocent, Dieu. Cette nouveauté se manifeste ainsi dans ce que Jésus nous dit : "Sans moi - hors de moi - vous ne pouvez rien faire" (Jn 15,5) tu aimeras Dieu lui-même, Dieu en ton prochain, ton prochain, pas seulement de tout toi-même - de tout ton cœur, de tout ton esprit et de toute ton âme (Dt 6,5) - mais, avec ma grâce aussi, avec moi-même. Comme j’ai aimé mon Père parmi vous et comme je vous ai aimés, comme je vous ai montré l’exemple : tu n’aimeras plus seul, mais avec moi, plus de toi seul, mais avec mon aide.
- Le prochain que Jésus nous invite à aimer, il est trinité de communion inséparable. Il est Dieu lui-même, il est mon frère, et il est moi-même. Créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,26), aimer notre frère, c’est aimer aussi l’image de Dieu . Mais bien plus que pour une image, si belle et précieuse soit-elle, chacun a du prix aux yeux de Dieu (Is 43,4), Dieu a gravé notre nom sur la paume de ses mains (Is 49,16) en la passion de son Fils. Plus encore, qui atteint l’homme, touche à la prunelle des yeux de Dieu (Za 2,12) : en Jésus-Christ, nous savons que ce que nous faisons au plus petit d’entre nos frères, c’est à lui que nous le faisons (Mt 25,40) : en aimant nos frères, c’est aussi Dieu que nous aimons. Ainsi se dessine patiemment à travers l’histoire de la révélation le mystère de l’Incarnation du Verbe dans l’Esprit, accompli en la Vierge Marie, mystère de cette présence divinement réelle, vivante au cœur de tout homme, nos frères, mon prochain.
- Enfin, le commandement que Jésus nous laisse est unique : aussi, il doit à lui seul irriguer, habiter, informer -c’est-à-dire animer, former de l’intérieur - toute notre vie. Ainsi nous pouvons et devons le décliner à toutes les actions et attitudes de notre existence - "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » cela veut dire, entre autres : « Écoutez-vous les uns les autres, comme je vous ai écoutés", "Regardez-vous les uns les autres, comme je vous ai regardés », "Ne vous jugez pas les uns les autres, comme je ne vous ai pas jugés ", "parlez-vous les uns les autres, comme je vous ai parlé". - "Si quelqu’un parle, que cela soit comme les paroles de Dieu" (1P 4,11) dit l’apôtre Pierre, sur le fond et dans la forme - « servez-vous les uns les autres, comme je vous ai servis", "soyez patients les uns avec les autres, comme j’ai été patient avec vous ", « pardonnez-vous les uns les autres comme je vous ai pardonnés », "donnez votre vie le uns pour les autres, comme j’ai donné ma vie pour vous"..
Cette dernière partie rejoint la fin de notre pas N°8 et je me permets d’insister car il rentre pour un lourd tribut dans la masse de péchés que nous commettons régulièrement sans même en prendre conscience. Et l’adversaire est assez fort là-dessus pour les minimiser à nos yeux. Or il n’y a pas de péché « mignon » : Un péché est un péché !
*Prédication donnée le 10 mai 1998 par fr. NB Virlet o.p. Dominicains de la Province de Toulouse et découverte lors de mes pérégrinations Net.
Pas plus que je ne puisse ne pas nous renvoyer à :
De même la langue est un membre minuscule et elle peut se glorifier de grandes choses ! Voyez quel petit feu embrase une immense forêt : la langue aussi est un feu. C'est le monde du mal, cette langue placée parmi nos membres : elle souille tout le corps ; elle enflamme le cycle de la création, enflammée qu'elle est par la Géhenne. Bêtes sauvages et oiseaux, reptiles et animaux marins de tout genre sont domptés et ont été domptés par l'homme. La langue, au contraire, personne ne peut la dompter : c'est un fléau sans repos. Elle est pleine d'un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l'image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi. La source fait-elle jaillir par la même ouverture le doux et l'amer ? Un figuier, mes frères, peut-il donner des olives, ou une vigne des figues ? L'eau de mer ne peut pas non plus donner de l'eau douce. Est-il quelqu'un de sage et d'expérimenté parmi vous ? Qu'il fasse voir par une bonne conduite des actes empreints de douceur et de sagesse. Si vous avez au cœur, au contraire, une amère jalousie et un esprit de chicane, ne vous vantez pas, ne mentez pas contre la vérité. Pareille sagesse ne descend pas d'en haut : elle est terrestre, animale, démoniaque. Car, où il y a jalousie et chicane, il y a désordre et toutes sortes de mauvaises actions. Tandis que la sagesse d'en haut est tout d'abord pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie. Un fruit de justice est semé dans la paix pour ceux qui produisent la paix. (Jacques 3,5-18).
Nous avons fait un long parcours et avons un certain nombre de choses a engranger, aussi, l’ombre de cet arbre nous protégera le temps de notre réflexion personnelle. Chaque pas devant nous permettre de voir où nous en sommes et ce que nous avons à confesser avant la Pâques du Seigneur.
Shalom !