Jean, votre messager de la Lumière : Témoignage : HOMÉLIE LORS DE LA MESSE DES FUNÉRAILLES DU PERE GEORGES LAUZIN LE JEUDI 28 JUIN 2012
HOMÉLIE PRONONCÉE PAR LE PERE DANIEL DALLA BARBA LORS DE LA MESSE DES FUNÉRAILLES DU PERE GEORGES LAUZIN LE JEUDI 28 JUIN 2012 A LA CATHEDRALE D’AUCH
"« Si le grain de blé meurt
Il porte beaucoup de fruit. »
C’est la veille de sa Passion que Jésus prononce à son égard cette courte parabole.
Des Grecs sont venus en pèlerinage Jérusalem, pour les fêtes pascales. Ils veulent voir Jésus : voir celui qui parle comme personne n’a jamais parlé. Voir celui qui accomplit des miracles qui manifestaient son origine divine. Mais Jésus vient pour tout autre chose en Sauveur. Le Messie sera le Sauveur qui meurt sur la croix. Il est le grain de blé qui passe par la mort pour donner du fruit.
Le Prêtre est appelé à reproduire le Christ dans sa vie. Il doit, lui aussi, devenir le grain de blé qui meurt pour donner du fruit. C’est aussi ce qui se verra dans la vie de notre cher Père Georges Lauzin.
Avec le P. Georges nous avons plusieurs points communs : Nous sommes nés la même année, 1928. Nous avons vécus dans le même village, Hagedet, dans les Hautes Pyrénées, non loin de Madiran. Nous avons désiré devenir prêtres et nous nous sommes connus à l’Ecole Apostolique, durant le Petit Séminaire et tout le Grand Séminaire. Nous avons connu et aimé les mêmes Prêtres, le Père Saint Hilaire, l’’Abbé Barron, l’Abbé Ferré qui avait lancé é le Scoutisme au Petit Séminaire, le chanoine Laffargue qui nous séduisait par son intelligence et sa finesse, au Grand Séminaire le chanoine Darrieu que nous regardions comme un saint.
Durant ces années qui ont été assez éprouvantes à cause de la guerre 39-45, Georges manifestait une dévotion particulière à l’égard de la Très Sainte Vierge, ce qui le rendit ouvert aux diverses apparitions : Montichiari, San Damiano, Dozulé, Garabandal et plus tard Medjugorje et l’Escorial.
Ce qui me rendit plus proche de l’Abbé Georges, ce fut son entrée dans la Société du Cœur de Jésus, fondée le 2 février 1791, durant la Révolution Française par un Jésuite : Le Père Pierre de Clorivière, prêtre du diocèse se Saint Malo pour « faire refleurir la dignité de chrétien et celle de prêtre, unie à la pauvreté et à l’humilité religieuse pour la gloire de Notre Seigneur Jésus Christ et le Salut du monde entier. »
Comme l’Abbé Georges était souvent contré par son entourage, je l’ai invité à faire partie de notre groupe où il pourrait s’exprimer librement sans être contredit ou repoussé. C’est ainsi qu’il a fait partie des Prêtres du Cœur de Jésus et tous les mois nous nous réunissons. Chaque année nous faisions une retraite sacerdotale de 8 jours où chaque instruction était suivie d’une heure de méditation personnelle. Nous avons même fait les 30 jours des Exercices Spirituels de St Ignace dont la devise était « Suivre le Christ du plus près possible et l’imiter. »
C’est à St Orens que l’Abbé G. Lauzin a commencé é à exercer son ministère Sacerdotal. Il avait constitué un groupe d’hommes pour réciter ensemble le Rosaire. Dix ans après il était nommé Curé de Gazaupouy et ensuite à Montaut les Créneaux.
Dans ses paroisses il déployait une activité intense. Avec les jeunes il lançait le Mouvement Eucharistique des jeunes et travaillait à en faire d’authentiques témoins du Christ. Il visitait les malades préparait les mourants en vue de leur passage vers le Christ. Le Pape Benoît XVI, pour l’année Sacerdotale de 2009 ; à l’occasion du 150ième anniversaire de la naissance au Ciel de Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, nous décrivait ainsi les prêtres qu’il admirait : « Je pense à tous ces prêtres qui présentent aux fidèles chrétiens et au monde entier l’offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ, s’efforçant de lui donner leur adhésion par leurs pensées, leur volonté, leurs sentiments et le style de toute leur existence. Comment ne pas mettre en évidence leurs labeurs apostoliques, leurs service inlassable et caché, leur charité ouverte à l’universel, que dire de la courageuse fidélité de tant de prêtres qui, bien que confrontés à des difficultés et des incompréhensions, restent fidèles à leur vocation : celle « d’amis du Christ » qui ont reçu de lui un appel particulier, ont été choisis et envoyés ? Tel était Georges.
La fougue du P. Lauzin était si grande à certains moments, qu’il faisait penser à la description des « Prêtres des derniers temps » de St Louis-Marie Grignion de Montfort dans son traité de la Vraie Dévotion :
« Ils répandront la pluie de la Parole de Dieu et de la vie éternelle. Ils tonneront contre le péché, ils gronderont contre le monde. Ils frapperont le diable et ses supports…
Ce seront de vrais disciples de Jésus-Christ, qui marchant sur les traces de la pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseignant la voie étroite de Dieu dans la pure vérité, selon l’Evangile et non selon les maximes du monde.
Ils porteront sur leurs épaules l’étendard ensanglanté de la Croix, le crucifix dans la main droite, le chapelet à la gauche, les sacrés Noms de Jésus et de Marie sur leur cœur, et la modestie et la mortification de Jésus-Christ dans toute leur conduite. »
Son ardeur, jugée intempestive, lui vaudra d’être retiré de son ministère paroissial en 1992 et de connaître une sévère marginalisation, tempérée par l’aumônerie des Gens du Voyage qu’on lui confia et dont il s’occupa avec beaucoup de dévouement.
Marginalisation sévère, mais providentielle, car il venait de faire connaissance avec le Mouvement Sacerdotal Marial, fondé par Don Stefano Gobbi, un prêtre italien du Diocèse de Como, venu au pèlerinage de Fatima en 1972. Il priait devant le « Cappelina » des apparitions, suppliant la Très Sainte Vierge pour les prêtres qui se laissaient contaminer par l’esprit du monde et abandonnaient leur ministère. Par locutions intérieures la Très Sainte Vierge lui fit comprendre qu’elle le choisissait pour animer ce Mouvement qu’elle promettait de répandre dans le monde entier. Pour cela il fallait former des cénacles, composés de prêtres et de laïcs, où l’on prierait le Rosaire, où on lirait ses Messages où l’on se consacrerait à Elle, moyennant quoi elle travaillerait les âmes et les modèlerait à la ressemblance de son Fils.
Il fallait faire confiance, c’est ce que fit Don Emilio, nommé évêque du diocèse de Sao Polo, au Brésil. Il écouta les responsables de ce mouvement. Il se créa jusqu’à 800 cénacles dans son Diocèse. La Saint Vierge travailla. Il y eut des vocations : « En 20 ans j’ai ordonné 64 prêtres. J’ai un grand séminaire avec plus de 60 grands Séminaristes. Il n’y a pas de crise de Vocations. »
Si un tel accueil s’était réalisé en France, dans chaque diocèse, il y aurait eu un profond changement. Mais on se défiait. – La défiance n’a porté aucun fruit. Cependant, le Mouvement est aussi entré en France et l’Abbé G. Lauzin y a adhéré avec enthousiasme et a contribué, avec le Père Georges Flieg à sa diffusion et animation dans le midi de la France, c’est pourquoi notre frère Georges était bien connu à Bordeaux, à Bayonne, à Pau, à Albi, à Agen, à Toulouse, à Carcassonne, à Perpignan, à Béziers et plus loin encore. Il était partout apprécié, demandé, aimé. On faisait appel à lui comme accompagnateur de pèlerinages durant lesquels on priait beaucoup, comme le demandait la Sainte Vierge, il confessait, il célébrait l’eucharistie, et l’on sentait qu’il faisait tout cet apostolat avec une joie intense, serviteur de Jésus et de Marie. Ainsi, celui que certains pouvaient prendre pour un original, un naïf ou un insensé avait l’étoffe d’un saint.
Il est dans la lumière.
A ce travail il s’est épuisé, mais il s’est dépensé jusqu’au bout, puisque Samedi dernier, il participait à un pèlerinage du Diocèse de Toulouse, confessait, célébrait l’Eucharistie, et que Lundi, dernier jour de sa vie, il venait de célébrer jusqu’à la fin l’Eucharistie avant de mourir.
Son âme se devine à travers cette prière du Saint Curé d’Ars qu’il récitait chaque jour, et qui dévoile la profondeur de son âme, une âme qui cherchait à mourir à soi-même pour être toute entière à Dieu.
Amen »