Martinique-Guyane : Un seul non ne suffit pas

Publié le par monSeigneur et monDieu

couche de soleil en martinique.jpgLa Martinique s'est prononcée comme vous le savez, désavouant les assemblées locales réunies en "congrès", et qui, sous la férule de leurs présidents Lise et Marie-Jeanne, s'étaient livrées à un véritable coup d'État, l'on s'en souvient, en 2008.

Paradoxalement, ce sont les désordres de 2009 qui ont permis de démasquer l'imposture, en ouvrant la boîte de Pandore et en provoquant une sorte de récréation alors que le processus avait déjà pris un dangereux élan.

Ce non massif, net, harmonieux dans sa répartition géographique (sur tout le département de la Martinique) - de même que la volte-face d'un certain nombre de responsables politiques locaux entre "le congrès" et la campagne référendaire - montre bien :

a) comment bat le cœur des Martiniquais.

b) l'abus de blanc-seing auquel se livrent les politiques sur place et, en réalité, leur non représentativité en termes de discours;

c) le mensonge qui consiste à faire croire qu'il y aurait un malaise de type institutionnel aux Antilles;

d) l'imposture de la classe politique dont le seul centre d'intérêt est son épopée clanique, d'où un très large consensus pour évacuer toute inadéquation de celle-ci au "bien commun".

e) le drame de la représentation locale dont les autorités de l'État font leurs interlocuteurs privilégiés, alors que les représentants en question ne tiennent pas forcément compte des intérêt de leurs administrés, en tout cas pas de leur volonté.

Prenons donc acte que, le 10 janvier 2010, le pays réel l'a emporté sur le pays médiatique, malgré la mobilisation de tous (ou de presque tous) ceux qui se prennent pour des intellectuels parce qu'ils se sont isolés du commun en usant du plumage d'un verbiage précieux assorti au ramage d'une dialectique prétentieuse.

Le danger, maintenant s'appelle Letchimy. De ce non, le très charismatique maire de Fort de France a déjà tiré des conclusion très autonomistes, et son discours du 10 janvier au soir était un chef d'œuvre de sous-entendus (pour ceux qui veulent y voir le signe d'un crypto-nationalisme) et de malentendus (pour ceux qui croient que le diable est un commensal de bonne compagnie). À défaut d'entrer dans ses vues, reconnaissons l'habileté de l'homme.

Les "pragmatiques" (qui se croient intelligents), les "dynamiques" (qui se veulent entreprenants) et les "sournois", qui sont loin de parler de ce à quoi ils pensent vraiment, sont déjà d'accord pour voter oui à partir du grand plongeoir que leur ont donné les électeurs martiniquais. Et l'on risque de voir une grande partie de ce à quoi la Martinique a dit non le 10 janvier ressuscité le 24 par un oui inapproprié. La Martinique a dit non à l'aventure d'un homme s'appuyant sur un parti fort pour se construire un destin de guide du "peuple Martiniquais", en marge de la France mais avec l'accord de celle-ci, qui se lasse après en même temps qu'elle y perd son latin. À ce nationalisme auquel la Martinique a dit non, il ne faudrait pas qu'un clou chasse l'autre, et que sur le crépuscule des visées de Marie-Jeanne quelqu'un d'autre survienne, quelqu'un de moins voyant, de plus "politiquement correct" et, par-dessus le marché, épaulé par les "pragmatiques" et par les "dynamiques", réunis en un syndicat de candides et de sournois pour dire oui le 24, effaçant ainsi d'un oui ce non qui, pour peser de tout son poids de vérité eût besoin d'être renouvelé le 24 janvier.


Les serpents sont dans le sac, un sac qu'un simple oui suffirait à ouvrir.


André Derviche
12/01/2010
Source : lescrutateur.com

Publié dans Regard - l'actualité

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