Ouverture des portes de l’Église Catholique aux anglicans qui le désirent

Le cardinal William Levada (au centre), préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lors d'Une conférence de presse au Vatican, le 20 octobre. Crédits photo: AP
Le Vatican ayant réglé dans le détail la question des prêtres et évêques mariés. Ainsi, 500 000 fidèles pourraient rejoindre l'Église catholique.
L'Église catholique ouvre ses portes aux anglicans qui désirent la rejoindre. C’est officiellement annoncé lundi par le Saint-Siège dans sa publication d’un texte de haute autorité juridique : la Constitution apostolique, intitulée «Anglicanorum Coetibus» (« Au sujet des assemblées des anglicans»), signée par Benoît XVI le 4 novembre dernier. Y sont traduits tous les détails de cette mesure pouvant concerner près de 500 000 anglicans dans le monde et une cinquantaine d'évêques, souvent qualifiés de «traditionalistes» du fait de leur refus des évolutions de l’Église anglicane notamment en faveur des homosexuels.
Juste avant son départ pour l’Argentine, le Père Melvin DOUCETTE avait exprimé sa joie à ce propos : « Une nouvelle de Rome me réjouit beaucoup : le pape a décidé d’accepter les ex-anglicans dans l’Église catholique. De nombreux évêques, prêtres et laïcs de cette Église ont demandé à relever du pape, tout en conservant leur liturgie et leurs coutumes, ainsi que leurs propres évêques » cf. Notre Seigneur : Demeurez unis à moi - Père Melvin - 22 oct 2009
Le cardinal William Levada, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi, en avait fait mention il y a trois semaine de cela, maintenant c’est désormais chose faite.
Cette intégration implique une incidence majeure sur «l'ordinariat personnel» qui est une des multiples formules d'organisation ecclésiastique prévue par le droit canonique, et qui permet de conférer l'équivalent de l'autorité épiscopale à un clerc (prêtre ou évêque). Lequel sous la responsabilité du Saint-Siège - et en lien étroit avec la conférence épiscopale du pays - va conduire un groupe de fidèles.
Ainsi ce n’est plus le territoire diocésain qui rassemble ces chrétiens, mais leur appartenance à une famille spirituelle et à une tradition liturgique, l'anglicanisme en l'occurrence.
Nous avons vu plus haut qu’un lien étroit est exigé avec la conférence épiscopale catholique nationale, aussi il n'y aura pas un seul «ordinariat» anglican pour le monde, mais un, par pays,.
Le fer de lance - et qui a suscité des polémiques depuis la révélation de ce projet – à trait au célibat sacerdotal. En effet, dans l'Église anglicane, prêtres et évêques peuvent être mariés.
Trois cas de figures ont dû être instaurés par la Constitution apostolique.
1) - Le premier touche l'«ordinaire» , c'est-à-dire le responsable suprême de ces nouvelles structures nationales. S'il est déjà évêque anglican, non marié, il devient sans problème «ordinaire» au titre d'évêque.
Mais s'il est déjà évêque anglican « et » marié, il peut devenir «ordinaire» mais pas au titre «d'évêque», seulement au titre de «prêtre».
En effet, le droit canonique catholique permet dans certains cas des prêtres mariés mais jamais la possibilité d'un évêque marié. Cela ne change rien dans l'exercice de sa responsabilité. Il a «pleine autorité juridictionnelle», assure le texte mais il n'aura jamais le rang d'évêque.
2) - Second cas de figure, les prêtres. S'ils ne sont pas mariés, ils deviendront prêtres catholiques mais devront rester célibataires. S'ils sont mariés, la Constitution apostolique réaffirme, qu'en principe, ils ne peuvent pas être prêtres catholiques mais que «par dérogation», et donc «au cas par cas», ils pourront le devenir «selon des critères objectifs approuvés par le Saint-Siège». Cependant y sont exclus des prêtres anglicans qui seraient en «situation matrimoniale irrégulière». En clair, des divorcés ou remariés.
3) - Troisième cas de figure, les séminaristes. Formés en partie dans des séminaires catholiques mais aussi dans des structures de spiritualité anglicane, ils doivent être, et rester, célibataires. Mais s'ils sont mariés, ils peuvent demander une dérogation à Rome pour être ordonnés prêtres.
Enfin sur le plan liturgique, la Constitution apostolique prévoit que «sans exclure les célébrations selon le rite romain» toutes les messes, prières et autres célébrations se feront selon la liturgie anglicane pour «maintenir vivante, à l'intérieur de l'Église catholique, les traditions spirituelle, liturgique et pastorale de la communion anglicane». Ce qui selon certains observateurs pourrait servir d’éventuel modèle pour l'accueil des lefebvristes.
Le Vatican a tenu, hier, à le réaffirmer «ne pas être à l'initiative» de cette ouverture, mais «répondre à de nombreuses demandes». Cela nous est d’ailleurs confirmé par la formulation du Père Melvin quand il en a fait mention le 22 octobre 2009.
Un bilan chiffré de ces transferts pourra être publié à terme, puisque les fidèles anglicans désirant «passer» à l'Église catholique devront formuler «cette volonté par écrit».
Un bilan chiffré de ces transferts pourra être publié à terme, puisque les fidèles anglicans désirant «passer» à l'Église catholique devront formuler «cette volonté par écrit».