Biographie de Benoit de Nursie:Saint fêté deux fois dans l'année (21 mars-11 juillet) N°2

Publié le par monSeigneur et monDieu

IV - De la conversion d'un Moine instable.

 

Dans l'un de ces monastères se trouvait un moine qui ne tenait pas en place au moment de la prière. Dès que les frères s'inclinaient pour l'oraison, aussitôt il sortait dehors et, avec un esprit de vagabondage, il s'occupait de choses terrestres et transitoires. Après avoir été bien souvent admonesté par son Abbé, on l'envoya à Benoit qui, à son tour, lui adressa de vifs reproches pour son comportement inepte. De retour au monastère, c'est à peine s'il s'en tint pendant deux jours aux admonestations de l'homme de Dieu, car le 3ème jour, revenant à ses habitudes, il se mit à rôder partout pendant le temps de l'oraison.

 

La chose fut rapportée par le Père du monastère, au serviteur de Dieu qui dit : "Je viens, moi, et je le corrige par mes soins." Arrivé au monastère au moment où la psalmodie finie, les frères s'adonnaient à l'oraison, il vit ce moine qui n'avait pu rester à la prière; et voilà qu'un petit noiraud le tirait au-dehors par le bord de son vêtement ! Alors, tout bas, il dit au Père du monastère qui s'appelait Pompeïanus et au serviteur de Dieu Maur : "Est-ce que vous ne voyez pas celui qui tire ce moine-là dehors ?" "Non", répondirent-ils. Il leur dit : "Prions pour que, vous aussi, vous voyiez celui que ce pauvre moine est en train de suivre". Après deux jours de prières, le moine Maur le vit, mais Pompeïanus, le Père de ce monastère, n'y arrivait pas.

 

Le lendemain, l'oraison achevée, l'homme de Dieu, sortant de l'oratoire, trouva le moine dehors : il le frappa avec une verge pour guérir la cécité de son cœur. Le moine à dater de ce jour n'eut plus jamais à souffrir des suggestions du démon qui l'entraînait. Mais il demeura immobile, appliqué à son devoir d'oraison et ainsi l'antique ennemi n'osa plus exercer sa domination sur son esprit : comme si c'était lui-même qui avait été atteint par le coup !

 

VII - Son disciple Maur marche sur les eaux.

 

Un jour, alors que le vénérable Benoît se tenait en cellule, Placide, cet enfant attaché à sa personne, sortit pour puiser de l'eau dans le lac. Tenant son récipient, il eut un geste imprudent en le mettant dans l'eau, et entraîné par ce mouvement, il y tomba lui aussi. Aussitôt, le courant le saisit, l'éloigna du bord et le tira vers le large! L'homme de Dieu, à l'intérieur de sa cellule, eut aussitôt conscience de ce qui s'était passé et appela Maur en toute hâte : "Frère, lui dit-il, cours ! L'enfant qui était allé puiser de l'eau est tombée dans le lac et le courant l'a déjà entraîné fort loin !"

 

Et Chose admirable qui ne s'était pas reproduite depuis l'apôtre Pierre ! Voici: la bénédiction ayant été demandée et reçue, Maur, stimulé par l'ordre de son Père gagna cet endroit et, se croyant toujours sur la terre ferme, il continua sa course sur l'eau jusqu'à l'endroit où l'enfant avait été emporté par le courant : il le saisit par les cheveux et revint toujours en courant. A peine eut-il touché terre et repris ses esprits qu'il jeta un regard derrière lui et voici que, ce qu'il n'aurait jamais cru possible, étonné et tout tremblant, il le voyait accompli !

De retour chez le Père, il lui rendit compte de cet exploit. Le vénérable homme de Dieu, Benoît, lui, se mit à attribuer la chose non à ses propres mérites mais à l'obéissance de son disciple. Maur, au contraire, disait que c'était dû uniquement à son ordre : il était bien conscient que cela ne venait pas de sa propre vertu puisqu'il avait agi inconsciemment. Mais voici que dans cet assaut d'humilité, réciproque et amical, l'enfant sauvé intervint comme arbitre. Car il disait : "Moi, lorsque j'étais retiré de l'eau, je voyais au-dessus de ma tête la melote du Père Abbé, et j'avais conscience que c'était lui qui me conduisait hors de l'eau."  

VIII - Les embûches de Florentius

 

Comme beaucoup quittaient la vie du siècle et se mettaient sous le joug du Rédempteur, comme, d'autre part, il est courant que les méchants jalousent le bien spirituel des autres, sans vouloir le posséder eux-mêmes, un prêtre de l'église voisine, du nom de Florentius, atteint par la malice de l'antique ennemi, se mit à envier les vaillantes entreprises du saint homme, à vilipender son genre de vie et à barrer la route, autant qu'il le pouvait, à ceux qui venaient le visiter.

 

Voyant qu'il ne pouvait entraver la carrière d'un tel homme, que la renommée de sa vie prenait de l'ampleur, et que sans cesse de nombreux sujets se sentaient appelés à un genre de vie meilleure au seul bruit de ses louanges, les ardeurs de l'envie le consumaient toujours davantage et le rendaient d'autant plus méchant : Les louanges de cette sainte vie, il aurait aimé les recevoir, certes, mais mener une vie digne de louanges, il ne le voulait pas ! Cette jalousie ténébreuse l'aveugla à un tel point qu'il fit parvenir au serviteur du Dieu Tout-puissant un pain farci de poison sous couleur d'offrande bénite ! L'homme de Dieu le reçut avec action de grâce, mais la peste que recelait ce pain n'eut pas de secret pour lui.

 

A l'heure de sa réfection, un corbeau avait coutume de venir de la forêt voisine pour prendre du pain dans sa main. Comme il arrivait donc, selon son habitude, l'homme de Dieu jeta devant lui le pain que le prêtre lui avait fait parvenir et il lui donna cet ordre : "Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, prends-moi ce pain et jette-le dans un endroit tel qu'aucun homme ne puisse le retrouver". Alors, ouvrant la bouche, étendant les ailes, le corbeau se mit à sautiller autour du pain et à émettre de petits croassements comme s'il lui disait en clair qu'il voulait bien lui obéir, mais qu'il ne pouvait accomplir cet ordre. Alors l'homme de Dieu, revenant à la charge lui dit à plusieurs reprises : "Pars, Pars, sois tranquille, jette-moi ça dans un endroit impossible à trouver". Après de longues hésitations, le corbeau se résolut enfin à le prendre dans son bec, il s'envola et s'éloigna. Après un laps de temps de trois heures, le pain ayant été jeté, il revint, et l'homme de Dieu lui donna dans la main sa pitance accoutumée.

 

Le vénérable Père voyant que ce prêtre brûlait dans son cœur du désir d'attenter à sa vie en éprouva une grande peine, plus pour celui-ci d'ailleurs que pour lui-même. Mais Florentius, voyant qu'il ne pouvait supprimer physiquement le Maître, s'enflamma du désir d'éteindre la vie dans l'âme de ses disciples : c'est ainsi que dans le jardin de la "cella" où résidait Benoît, il leur mit sous les yeux sept filles nues chargées de faire une grande farandole en se tenant la main, allumant ainsi dans leur cœur un désir pervers.

 

Ce que voyant depuis la "cella", et redoutant la chute de ses disciples dont l'âge était encore tendre, comprenant bien d'autre part que tout cela n'était fait que dans le seul but de le persécuter, lui, il céda à une telle jalousie, mit en ordre tous les oratoires qu'il avait bâtis en les plaçant sous l'autorité d'un préposé et en y adjoignant des frères, puis en prenant avec lui un petit nombre de moines, il changea son lieu de résidence.

 

Aussitôt que l'homme de Dieu se fut effacé par humilité devant les procédés de cet homme, le Dieu Tout-puissant frappa celui-ci de façon terrible. En effet, comme ce prêtre, debout sur son balcon, voyant s'éloigner Benoît, sautait de joie, le balcon tomba et l'écrasa dans sa chute : ainsi s'éteignit l'ennemi de Benoît.

 

Le disciple de l'homme de Dieu, appelé Maur, jugea qu'il fallait tout de suite annoncer la chose au Père Benoît, lequel n'était encore qu'à une distance de 10 milles. Il lui dit: "Reviens ! Car le prêtre qui te persécutait s'est éteint !" En entendant cela, l'homme de Dieu Benoît se livra à de grandes lamentations, tant pour la mort de son ennemi que pour l'exultation de son disciple devant la mort de cet ennemi. Il s'ensuivit qu'à son disciple aussi il infligea une pénitence parce qu'en lui annonçant une telle nouvelle, il avait osé se réjouir de la mort d'un ennemi.

   

Vers 529, ces ennuis l’ayant obligé à quitter cet endroit et il va s’établir sur le mont Cassin avec quelques compagnons, où il fonde un monastère appelé à un très grand rayonnement.


En émigrant ailleurs, le saint homme changea de lieu mais pas d'ennemi.

Ayant obtenu l'autorisation des autorités civiles et ecclésiastique, Benoît s'installa en maître sur le mont qui domine la plaine de la vallée du Liri; il y avait là un très ancien lieu de culte dans lequel dans lequel, suivant une coutume héritée des païens de jadis, Apollon était vénéré par un peuple stupide de rustres. Et tout autour avaient poussés des bois sacrés dans lesquels une masse abrutie d'infidèles s'appliquait, avec force transpiration, à offrir des sacrifices sacrilèges.
Benoît 
abattit les autels des fausses divinités,là où se trouvait l'autel du même Apollon, il construisit un petit oratoire à saint Jean. Il tailla les bois sacrés à la base et dans le temple d'Apollon lui-même, construisit un petit oratoire dédié à saint Martin et prêcha la conversion des paysans qui étaient restés païens.

 

Cela, l'antique ennemi ne pouvait le souffrir en silence et dans une claire vision il s'imposait aux yeux de ce Père : En poussant de grandes clameurs, il se plaignait d'être victime de la violence, à tel point que les frères entendaient sa voix bien qu'ils ne vissent nullement son image. Alors qu'ainsi que le disait  le vénérable Père à ses disciples, l'antique ennemi se montrait à ses yeux de chair sous un aspect parfaitement horrible et tout en feu ; il faisait mine de se jeter sur lui avec une bouche et des yeux enflammés. Cependant, tous entendaient bien ce qu'il disait : Il l'appelait d'abord par son nom, et comme l'homme de Dieu n'avait cure de lui répondre, il éclatait aussitôt en invectives. En effet, lorsqu'à ses cris de "Benoît! Benoît !" il voyait que celui-ci ne donnait aucune espèce de réponse, il ajoutait incontinent: "Maudit ! Non Béni ! (Benoît=benedictus=béni). Pourquoi en as-tu avec moi ? Pourquoi donc me persécutes-tu ?"


Mais il faut s'attendre maintenant à de nouveaux combats de l'antique ennemi contre le serviteur de Dieu : Sa volonté était, bien sûr, de lui livrer des batailles, mais c'est contre sa volonté qu'il lui fournira des occasions de victoire. Cependant nous nous limiterons à cette minime partie qui démontre, quoi que partiellement et succintement, assez la sainteté du vénérable homme de Dieu.


En effet j'aurais souhaiter raconter encore une foule de choses au sujet de ce vénérable Père ; mais j'en passe certaines, non sans peine, mais il y aurait trop à en dire sur ce saint homme. Du moins, je ne veux pas que vous  l'ignorez : cet homme de Dieu, entre tant de miracles par lesquels il a brillé dans le monde, n'a pas laissé de resplendir aussi par les paroles de son enseignement : en effet, il a écrit une Règle monastique qui l'emporte par son esprit de discernement et la clarté de son discours. Quelqu'un voudrait-il connaître plus à fond ses mœurs et sa vie : il pourra trouver dans ce code de la Règle tous les actes du Maître, car, en aucune façon, le saint homme n'aurait pu enseigner autre chose que ce qu'il vivait ; et/ou se référer aux moult biographies existant sur le net. Notamment à celle de St. Grégoire ler dans le livre de ses "Dialogues" à partir duquel nous avons tiré un extrait du récit de la vie prodigieuse du vénérable Benoît.


 

La renommée de la sainteté de St. Benoît et celle de la vertu de ses disciples rendirent vive célèbre la communauté, qui reçut des dons considérables du patricien Tertullus et de Gésulfo.

Le mont se peupla toujours davantage de pauvres gens qui accouraient demander au thaumaturge aide et protection, d'ecclésiastiques qui venaient demander conseil au saint, et d'hommes puissants qui demandaient au voyant de sages enseignements.

Une fois par an, le patriarche quittait la cénobie pour rencontrer sa sœur Scholastique et s'entretenir avec elle dans de doux dialogues spirituels.


Parallèlement à cette expérience pratique et quotidienne, son esprit de législateur mûrissait, toujours plus projeté vers le modèle de vie religieuse basilienne, désormais bien éloignée du monachisme primitif par la diversité de ses objectifs et des ses régimes.
C’est durant cette dernière étape de sa vie que, peu à peu, il rédige sa Règle des moines, seul écrit que nous ayons de lui.


Benoît, bien qu’épris d’absolu, est un homme pondéré et soucieux des personnes. Il cherche aussi bien à rassurer le débutant et à encourager le faible qu’à inviter le plus fort au dépassement. Grâce à son équilibre et à sa modération, il a rendu le monachisme plus accessible et, pour des générations de moines et de moniales, sa Règle a été l’instrument précieux d’une recherche de Dieu 

   

« Nous allons donc fonder une école où l’on apprenne le service du Seigneur.
En l’instituant, nous espérons n’y rien établir de rigoureux. Ni rien de trop pénible.
Si toutefois nous allons jusqu’à un peu de rigueur, garde-toi de fuir,
sous l’effet d'une crainte subite, la voie du salut dont l’entrée est toujours étroite;
car à mesure que l’on avance dans la bonne vie et dans la foi,
le cœur se dilate et l’on se met à courir la voie des préceptes de Dieu
avec une ineffable douceur d’amour. »

Règle de saint Benoît, extrait du Prologue  

   

La Règle, qui régit la vie intérieure et extérieure de la communauté monastique, resta intacte jusqu'a XIlème siècle. Elle propose au religieux un programma de vie basé sur la prière et le travail, la stabilité du lieu, la conversion des mœurs et l'obéissance, sous le gouvernement patriarcal de l'abbé.

 

Environ quarante jours après avoir vu l'âme de sa sœur s'envoler au ciel sous la forme d'une colombe, St. Benoît communiqua à quelques uns de ses disciples la date de sa propre mort. Il fit ouvrir la tombe six jours avant, puis le 21 mars, saisi d'une fièvre violente, il demanda à être conduit à l'oratoire. Il reçut l'Eucharistie debout, en prière, puis il rendit l'âme à Dieu dans les bras de ses disciples, en prononçant des paroles de prière. Il meurt vers 547.

Ce jour-là, deux de ses frères, l'un étant resté en sa cellule et l'autre se trouvant au loin, eurent la révélation d'une même et unique vision : ils virent qu'une voie recouverte de tissus précieux et illuminée de lampes innombrables, s'étendait de sa cellule jusqu'au ciel, empruntant un chemin tout droit, à l'Orient. Au sommet se tenait un homme brillant, majestueusement vêtu, qui leur demanda : "Cette voie que vous contemplez, de qui est-elle ?" Ils reconnurent qu'ils ne le savaient pas. Alors il leur dit : "C'est la voie par laquelle Benoit  le bien-aimé de Dieu, est monté au ciel." La mort du saint homme donc, les disciples présents la virent de leurs yeux tandis que les absents en eurent connaissance grâce au signe qui leur avait été prédit.

Il fut enseveli dans l'Oratoire de Saint-Jean-Baptiste que lui-même avait construit sur les ruines de l'autel d'Apollon. Son corps fut déposé à côté de celui de sa sœur.


Pendant la Deuxième Guerre Mondiale (1939-1945), l'abbaye du Mont Cassin fut détruite par l'aviation anglaise. Au cours des travaux de reconstruction, qui commencèrent dès 1946, l'urne contenant les ossements des deux saints fut retrouvée; ils se trouvent à présent dans la crypte, sous le maître autel de la basilique qui fut consacrée en 1964 par Paul VI lors de sa visite au Mont Cassin



*Saint Benoît de Nursie Patriarche des moines d'Occident, Saint Patron de l'Europe Fête le 21 mars (naissance au Ciel) et 11 juillet (transfert de sa dépouille du mont Cassin à l'abbaye de Fleury-sur-Loire).

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